Etat des lieux :
Au « Pays du non dit « l'information est « anémique ». A première vue, dans le domaine de la presse écrite, la Nouvelle-Calédonie ne manque pas de publications ; on peut en dénombrer plusieurs dizaines dans des domaines très variés, de l'Argus automobile à l'Environnement sur papier glacé, en passant par l'Objectif, Varangue, Mwà Wéé, Palabre ou le Gratuit...
Cette diversité ne doit pas occulter qu'il n'y a qu'un seul quotidien « d'information », à large diffusion sur l'ensemble du Pays.
Les principaux médias locaux sont largement dépendants des lobbies économiques et du pouvoir politique.
La part faite à la publicité dans le quotidien local et le traitement du projet industriel du Sud par la presse écrite ou audiovisuelle en sont des illustrations.
L'effort fait par les pouvoirs publics pour rendre la télévision accessible au fond des vallées les plus reculées est également très significatif : la TV est un média puissant. Il est présent dans tous les foyers, mais l'information y est filtrée, dirigée et inaccessible aux citoyens qui souhaiteraient s'y exprimer. Les reportages sur des sujets environnementaux locaux sont quasi inexistants.
L'absence d'une information plurielle et contradictoire, dans le domaine de la presse écrite quotidienne et de la télévision, et le parti pris de traiter l'information, sans débats démocratiques ne permet pas l'exercice de la citoyenneté.
Le thème de l'environnement est utilisé de façon démagogique et récupéré à des fins politiques ou privées. L'environnement, est un sujet porteur auprès du public. On dénombre chaque semaine une quantité d'articles sur le ramassage des ordures par les enfants ou des opérations de reboisement par les écoles. Mais d'une façon générale, la plupart des problèmes de fond ne sont abordés que de façon très superficielle ou traités sous un angle très institutionnel, politiquement correct en s'abstenant le plus souvent d'ouvrir un véritable débat, pour ne pas froisser les pouvoirs publics.
Difficulté d'accès aux documents administratifs. La situation de l'information en Nouvelle-Calédonie est aggravée par la rétention d'information dont usent et abusent certains services administratifs. Il est assez difficile pour un citoyen ordinaire d'accéder à des documents administratifs auxquels il a pourtant droit, sans passer par la CADA.
Un certain nombre de moyens d'information comme la télédétection ou le réseau hertzien sont très peu utilisés, alors qu'ils pourraient être utiles, dans la lutte contre les feux, la localisation de pollution...par exemple. La lutte contre les feux nécessite un réseau harmonisé de communication.
Le paysage radiophonique est plus varié, puisqu'il existe plusieurs stations radio, de sensibilités différentes, mais l'information y est plus « volatile »en raison de la nature du support.
D'une certaine façon, les médias façonnent l'opinion publique. Ils jouent en Nouvelle-Calédonie un rôle d'autant plus considérable, que la population n'a pas d'autre référence sur son propre pays. Quand l'image qu'on nous renvoie est déformée, on a forcément une représentation fausse ou très approximative de la réalité.
Il existe en Nouvelle-Calédonie une Maison des Sports, une Maison des Syndicats, une Maison de la Nature, mais la plupart des associations ne disposent d'aucun espace de rencontre et d'échanges.
Dans bon nombre de pays, les associations environnementales sont prises en compte, écoutées, consultées et considérées comme de véritables partenaires des institutions publiques. Encore faut-il leur donner les moyens matériels de fonctionner.
A quand une Maison des Associations et une répartition équitable des moyens de fonctionnement des associations ?
Problématiques :
On ne peut pas décemment parler de citoyenneté dans un pays qui ne permet pas aux administrés l'accès à des informations relatives à des faits ou des décisions touchant leur vie quotidienne et qui refuse le débat démocratique sur des choix de société.
Comment créer en Nouvelle-Calédonie des espaces d'information, d'échanges, de réflexion, de débats sur l'environnement, les choix de société, la qualité de vie à long terme, l'exercice de la citoyenneté, des activités économiques alternatives respectueuses de l'environnement et de la santé ?