Application au cas du Kea Trader.
Le Kea Trader est « posé » sur le récif DURAND depuis 7 mois maintenant.
Les tentatives de déséchouement ont lamentablement foiré et le navire est maintenant cassé en deux.
Désormais, il s’agit, nous dit-on, de le déconstruire.
Et pour ce faire, l’armateur souhaite recruter une
société chinoise, la SHANGAI SALVAGE CO, parce que moins disante. Elle serait 40% moins chère que ses concurrentes européenne et américaine.
A ce prix-là quels sacrifices consentis ????
La solution à retenir, outre qu’elle doit être efficace, doit aussi être la mieux disante au plan environnemental.
Or, d’environnement, on n’entend pas parler…
Pendant ce temps, les « arrivages » de « boulettes » d’hydrocarbures (à Tiga hier) et les dégradations environnementales du récif se poursuivent (les morceaux de navire ripent et labourent consciencieusement le support, près de deux hectares seraient impactés à ce jour par les agressions mécaniques du Kea Trader).
NOUS, nous disons que « chat échaudé craint l’eau froide ».
Souvenez-vous…
L’usine du sud made by China a dû être quasiment intégralement reconstruite…
Les Chinois ont livré une centrale électrique à Koniambo nickel. Il a fallu en remplacer toute la tubulure…
Et les fours de KNS ????
Et la rupture du Kea Trader lui-même sorti de chantiers chinois ?...
Résultats : des mois de retard, des surcoûts considérables et même des catastrophes environnementales…
Considérant ces précédents (sans parler de la détestable réputation des produits chinois de consommation courante, quels qu’ils soient -et y compris des laits infantiles !-, et du dumping social et environnemental de l’Empire du Milieu…),
le choix de l’armateur du Kea Trader n’est déjà absolument pas acceptable.
Ajoutons à cela que nous nous méfions vivement et systématiquement des « solutions » retenues par les acteurs économiques car
ces choix sont très généralement guidés par leurs seuls intérêts économiques et font fi des aspects sociaux, sanitaires et environnementaux (quoi qu’ils en disent…).
S’agissant de
NOTRE zone économique exclusive et de
NOS lagons,
NOUS devons avoir
NOTRE mot à dire.
Eh bien, pour EPLP, ce mot est
NON.
Non, nous ne voulons pas d’une entreprise chinoise.
Nous demandons à l’Etat et à la Nouvelle-Calédonie d’exiger de l’armateur l’intervention d’une
société respectant les normes en vigueur en Union européenne, notamment en matière environnementale et sociale.
Cela tombe bien, le leader mondial de ce type d’intervention est européen.
Il faut donc faire appel à lui et lui demander d’améliorer encore sa proposition en partenariat avec les acteurs locaux des mondes économique et environnementaliste. Pourquoi ? D’abord parce que ces derniers sont de
bons connaisseurs de nos réalités, notamment sociales, mais aussi météorologiques et marines, et ensuite parce que ce sont les
savoir-faire des Calédoniens (les victimes !) qui doivent trouver à s’employer
EN PREMIERE INTENTION dans la résolution de l’épineux problème auquel nous sommes confrontés et dans lequel rappelons-le, nous n’avons aucune responsabilité.
Mais ce n’est pas tout…
Notre demande adressée à l’Etat de nous associer aux travaux de suivi du dossier Kea Trader n’a malheureusement pas été entendue. Et sauf à ce que nous obtenions à l’avenir des justifications argumentées, nous n’y voyons que de très mauvaises raisons. Mais nous faisons le pari de l’intelligence et espérons encore…
Nous avons cependant pu obtenir de tiers des bribes d’informations concernant la « technique » retenue par le pétitionnaire chinois (cf photos de titre et ci-dessous + note 1 description des manoeuvres).
Et ce que nous avons appris nous préoccupe beaucoup.
En effet, la technique utilisée produira immanquablement de lourds impacts supplémentaires sur le récif (ancres multiples, une vingtaine nous dit-on) ainsi que des
tensions très fortes sur la structure du navire or nous la pensons
incapable d’y résister.
D’autre part, l’élu chinois n’a, à l’évidence, pas pris la vraie mesure des conditions de mer dans lesquelles il devra travailler. Ce sont pourtant ces mêmes circonstances qui ont empêché ses émissaires de rejoindre le récif Durand ! On peut donc craindre que ses prescriptions ne soient que très « théoriques », car aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le « dossier » a finalement été monté sans visite sur site ! Cf photo ci-dessous: barge “volante” par temps calme…
Dans le contexte du récif Durand, nous déclarons
la solution chinoise totalement irréaliste.
Nous craignons, outre de nouvelles ruptures du porte conteneur et donc de nouveaux retards liés à de nouvelles difficultés opérationnelles, de nouveaux déversements de substances polluantes voire des accidents avec conséquences humaines dramatiques.
D’autre part, les préparatifs dureraient 9 mois et la réalisation 2 mois. Question : que deviendront les morceaux du Kea Trader sur ce très long laps de temps ???? Nous attendons la mise en oeuvre d’une solution beaucoup plus rapide qui permette de prendre en compte la réalité de l’état de l’épave et aussi d’abréger les détériorations du récif !
Et l’on sait que pareille solution existe…
Comme on le voit, les raisons de ne pas confier à une société chinoise le marché du démantèlement du Kea Trader sont nombreuses et toutes excellentes.
En conséquence, nous appelons les « autorités » nationales et locales à s’y rendre sans autre forme de résistance.
Nous adressons ce jour un courrier à Monsieur le Président de la République reprenant les termes de ce communiqué (avec copie à Monsieur le Premier Ministre, Madame la Ministre de l’Outre-Mer, Monsieur le Ministre de la transition écologique et solidaire, Monsieur le Haut-Commissaire, Monsieur le Président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie).
Pour EPLP, la Présidente, Martine Cornaille
(1) deux barges seraient mises à couple de part et d’autre de l’épave. Des câbles passés à l’intérieur d’œillets fixés sur la coque seraient treuillés jusqu’au décollement du morceau de bateau du platier. L’ensemble serait remorqué jusqu’à un bateau immergeant transporteur de l’épave et rejoindrait un chantier de démantèlement en Chine (où des ouvriers seront immanquablement exposés aux polluants et risques d’incendie sans autre mesure de précaution...)
COMMUNIQUE DE PRESSE DU 11 février 2018