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CE QUE LA CAT (1) DE LA SLN NOUS INSPIRE…

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CE QUE LA CAT (1) DE LA SLN NOUS INSPIRE… CE QUE LA CAT (1) DE LA SLN NOUS INSPIRE…

Un CLI (2) SLN s’est réuni hier à DONIAMBO sous la houlette de la province Sud, CLI au cours duquel la « centrale accostée temporaire » ou « CAT » a été présentée (après l’avoir été à la presse le matin) (3).
EPLP est membre de ce CLI et souhaite vous restituer les informations ci-après.

Des groupes électrogènes d’une puissance totale de 200 MW fonctionnant au fuel, munis de 12 cheminées, seront installés en grande rade sur une barge (4) à proximité du site actuel de stockage du carburant. Ils sont destinés à alimenter les trois fours de la SLN en 63 000 volts en remplacement de la centrale B.

Nous avons été les spectateurs (attentifs mais déçus !) d’un vrai publi reportage: à en croire nos interlocuteurs, la « solution SLN –ERAMET » est idyllique !

Evidemment, notre avis est un tant soit peu divergent. Cela étant posé, il convient de détailler un peu (très peu car nous sommes restés sur notre faim s’agissant de la qualité et de la quantité des informations qui nous ont été données en séance, cf plus loin)…

Le combustible tout d’abord. Il s’agira de fuel « basse teneur en soufre » et « très basse teneur en soufre » (TBTS) dans les mêmes proportions qu’actuellement. A la question d’EPLP de savoir pourquoi pas QUE du TBTS pour davantage de progrès, silence gêné… Le choix de l’industriel signe à l’évidence un souci économique au détriment d’un choix sanitaire et environnemental. La réduction « mécanique » des émissions polluantes liées à l’amélioration du rendement suffit au bonheur de la SLN. Pas au nôtre. Mais que vaut notre avis ?!

Rappelons que compte tenu des désastreuses performances de l’actuelle centrale (déclarée obsolète par le métallurgiste voici pas moins de 16 ans !!!!), tout autre équipement est mieux disant en termes de performances, rendement et émissions polluantes, ce qui ne présage cependant en rien du niveau des impacts sanitaires et environnementaux qui dépendent en outre de moult autres facteurs: localisation de la barge, exposition aux vents dominants ou d’ouest, hauteur des cheminées, qualité du combustible, distance aux populations, sensibilité des écosystèmes etc.

Au total, en stabilisant les rejets de NOx et en abaissant ceux de SO2, CO2 et poussières de 30%, la SLN « ne fait pas l’œuf » et surtout elle n’apporte pas la preuve de ce que les impacts seront moindres puisqu’une réduction des émissions de nombre de polluants ne signe pas mécaniquement une réduction de l’exposition !

A l’annonce du calendrier de la mise en œuvre de la CAT nous nous sommes irrités. En effet, elle doit être déployée dans les toutes prochaines semaines. Mais alors il n’y aura pas le temps d’une enquête publique ? En effet, nous a-t-il été répondu. Le code de l’environnement prévoit que pour des autorisations provisoires (d’1 an renouvelable 2 fois), la tutelle peut se dispenser d’organiser une enquête publique. C’est réglementaire. Aux temps de la co-construction tant vantée, nous voilà donc une fois encore mis devant le fait accompli. Des paroles et des actes…

Mais si c’est réglementaire, est-ce bien « normal » que d’imposer un équipement polluant durant trois ans sans consultation de la société civile ? Chacun appréciera le choix fait par l’exécutif provincial…

D’ailleurs est-ce qu’une autorisation de 3 ans d’emblée aurait permis pareille dérogation ? Le « saucissonnage » nous paraît fort opportun…

Puis sans doute pour faire passer la pilule, la SLN nous a « vendu » ses campagnes d’information. Organisées sous 3 semaines dans les maisons de quartier mises à disposition par la municipalité de Nouméa (5), elles concerneront les populations riveraines, notamment de Ducos.

A la question de savoir quelles informations seront délivrées aux populations, il nous a été répondu que ce serait la même présentation que celle à laquelle nous venions d’assister.

Mais alors quid des données de l’étude d’impact environnemental et sanitaire ?
Quid des données de l’étude de danger ?
Rien n’est prévu…

Les études existent pourtant mais elles ne sont pas communiquées puisqu’il n’y a pas d’obligation réglementaire à le faire au moins à ce stade.

Là encore est-il bien « moral » de ne pas informer les populations de ce à quoi elles seront exposées en termes de risques ? On est saisi par tant de malhonnêteté, tant de mépris. Nous dénonçons une manipulation scandaleuse.

Un exemple de ce qui nous a inquiétés parmi les maigres faits portés à notre connaissance: la barge est réputée résister à un cyclone de catégorie 4. Nous avons rétorqué que, dans le contexte actuel de réchauffement climatique rapide, il serait sage de prévoir une résistance à un cyclone de catégorie 5. En la matière, ce qui a été ne sera pas ce qui adviendra…

Enfin, si l’on a bien compris l’intérêt de la SLN de s’équiper sans plus de délai d’une installation solide afin de garantir la sécurité de ses fours et ses coûts, nous avons aussi bien compris l’inquiétude des représentants du personnel présents: au-delà de ces trois années, quelle pérennité pour le site métallurgique potentiellement dépourvu d’approvisionnement électrique ????

En effet, cet équipement turc sera loué durant 3 ans au terme desquels nous assure-t-on, la barge sera enlevée et le relai pris par « la » centrale-pays au gaz avec énergies renouvelables (?). Eu égard aux tergiversations que l’on connaît depuis l’émergence « papier » de cette arlésienne, on se demande pourquoi et comment ce qui n’a pas été fait depuis 2014 le serait subitement et rapidement au point de prendre le relai de la CAT dès 2025. Surtout dans un contexte de dure disette budgétaire. Mais bon, espérons…

En conclusion, après près de 3 heures de réunion, EPLP ne peut pas se prononcer sur l’acceptabilité de la CAT en matière sanitaire et environnementale faute de disposer des éléments nécessaires à se forger une opinion éclairée.
A quoi sert un CLI dans ces conditions ? A pas grand-chose.

Et les réunions publiques dans les mêmes conditions, pas davantage…
Nous attendons une information digne de ce nom, complète, sincère, vérifiable.
C’est un DROIT ELEMENTAIRE.

Mesdames et messieurs les élus, respectez-le et faites-le respecter !

Pour EPLP, Martine Cornaille

(1) CAT = CENTRALE ACCOSTEE TEMPORAIRE DE LA SLN
(2) CLI = comité local d’information. A sa création nous avions demandé un CLIC, le dernier C pour concertation. Zéro pointé !
(3) première anomalie… Les acteurs centraux du CLI n’auraient-ils pas dû être consultés en amont, participer en toute transparence aux choix avant communication publique ? On se désespère de constater que ce qui compte pour l’industriel c’est la mousse, seulement la mousse. La SLN n’apprendra donc jamais ?
(4) de 140 mètres de long par 42 mètres de large et affichant un tirant d'eau de 5 mètres, excusez du peu !!!!
(5) les mêmes qui ne sont pas disponibles pour nous EPLP…