COMMUNIQUE DU 23 SEPTEMBRE 2024
Après 51 jours de valse hésitation, nous avons hérité d’un nouveau 1er ministre, un homme, de 71 ans, européiste et libéral. On aurait pu avoir une femme, plutôt jeune et « progressiste »…
Choisi manifestement pour poursuivre la politique néolibérale macroniste, carburant de la colère sociale, Michel Barnier est le plus petit dénominateur commun de la fusion des droites. Il a cependant évoqué la « dette écologique » lors de sa passation de pouvoir. Et il s'est montré plutôt sensible aux enjeux environnementaux dans le passé.
Il y a 29 ans, il a été ministre de l’environnement et a fait voter la loi qui consacre notamment le principe de précaution et le principe du polluer-payeur que nous avons maintes fois utilisés pour faire progresser nos dossiers en Nouvelle-Calédonie.
C’est aussi à lui que l’on doit la « Commission nationale du débat public » (ne s’applique pas à la Nouvelle-Calédonie….
Il a été le premier à ouvrir le ministère aux associations.
Il avait placé l'écologie parmi ses thèmes de prédilection, lors de la campagne des primaires LR en 2021.
Mais voilà, il a déjà annoncé qu’il déconnectait le secrétariat général à la planification écologique (SGPE), chargé de coordonner l’élaboration des stratégies nationales en matière de transition écologique, de Matignon.
Il a placé Agnès Pannier-Runacher, soutien de la première heure d’E. Macron, à la tête d’un ministère élargi qui comprend la « Transition écologique, l’énergie, le climat et la prévention des risques ». Mais elle n’a ni la cohésion des territoires, ni le logement ni le transport. Autres signes inquiétants, la biodiversité a totalement disparu, tandis que la forêt est adossée à l’Agriculture et que les transports, la mer et la pêche sont rattachés à la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation.
Drôle de répartition !
Agnès Pannier-Runacher sera accompagnée dans sa mission par Olga Givernet, ministre déléguée à l’Energie, ingénieure aéronautique spécialiste des jets privés, qui a voté contre leur régulation.
Drôle d’attelage !
Celle qui a été ministre de la Transition énergétique (gouvernement Borne) est donc supposée bien connaître quelques-uns de ses dossiers mais elle sera au défi de mettre l’écologie au centre.
Par ailleurs, rappelons quelques-uns de ses faits d’arme…
Le 13 avril 2020, dans le contexte de crise Covid, se faisant l'écho de déclarations de Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef national, elle estime qu'il « faudra probablement travailler plus qu'on ne l'a fait avant » pour « rattraper ce mois perdu »...
En octobre 2020, elle est accusée par plusieurs présidents de groupes parlementaires de gauche de « pressions graves et inacceptables » sur des députés, dans le but de les dissuader de déposer un recours au Conseil constitutionnel sur le projet de loi ASAP (sur l’Accélération et la Simplification de l’Action Publique), texte controversé pour ses régressions, notamment en matière environnementale.
Sa réputation est entachée par de nombreux scandales, en particulier de potentiels conflits d’intérêt avec le secteur des énergies fossiles (notamment la société Perenco, le numéro deux français du pétrole).
Elle ose demander « des petits gestes » (déclaration sur le « mel rigolo et sa PJ»), pendant que le gouvernement auquel elle appartient ne fait pas ce qu’il faut pour organiser un vrai changement.
Contre l’avis des scientifiques et à l’encontre des objectifs climatiques français, elle a déclaré qu’il fallait terminer le projet de l’Autoroute A69.
En février 2023, elle s’illustre par son acharnement à mettre en place une coalition pro-nucléaire au sein des Etats membres de l’Union Européenne (« l'Alliance du nucléaire en Europe »), au prix de compromis scandaleux sur la sortie du charbon.
Elle a aussi piloté la très contestée réforme de la sûreté nucléaire avec la fusion de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Last but not least, en janvier 2024, elle présente son projet de loi de souveraineté énergétique qui consacre « le choix durable du recours à l’énergie nucléaire ».
Où l’on voit qu’il y a de la schizophrénie chez nos leaders nationaux.
Alors Barnier et Pannier-Runacher, à défaut de révolutionner la société, se saisiront-ils de la transition écologique ?
Le budget 2025 aura valeur de test.
Pour EPLP, Martine Cornaille
Après 51 jours de valse hésitation, nous avons hérité d’un nouveau 1er ministre, un homme, de 71 ans, européiste et libéral. On aurait pu avoir une femme, plutôt jeune et « progressiste »…
Choisi manifestement pour poursuivre la politique néolibérale macroniste, carburant de la colère sociale, Michel Barnier est le plus petit dénominateur commun de la fusion des droites. Il a cependant évoqué la « dette écologique » lors de sa passation de pouvoir. Et il s'est montré plutôt sensible aux enjeux environnementaux dans le passé.
Il y a 29 ans, il a été ministre de l’environnement et a fait voter la loi qui consacre notamment le principe de précaution et le principe du polluer-payeur que nous avons maintes fois utilisés pour faire progresser nos dossiers en Nouvelle-Calédonie.
C’est aussi à lui que l’on doit la « Commission nationale du débat public » (ne s’applique pas à la Nouvelle-Calédonie….
Il a été le premier à ouvrir le ministère aux associations.
Il avait placé l'écologie parmi ses thèmes de prédilection, lors de la campagne des primaires LR en 2021.
Mais voilà, il a déjà annoncé qu’il déconnectait le secrétariat général à la planification écologique (SGPE), chargé de coordonner l’élaboration des stratégies nationales en matière de transition écologique, de Matignon.
Il a placé Agnès Pannier-Runacher, soutien de la première heure d’E. Macron, à la tête d’un ministère élargi qui comprend la « Transition écologique, l’énergie, le climat et la prévention des risques ». Mais elle n’a ni la cohésion des territoires, ni le logement ni le transport. Autres signes inquiétants, la biodiversité a totalement disparu, tandis que la forêt est adossée à l’Agriculture et que les transports, la mer et la pêche sont rattachés à la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation.
Drôle de répartition !
Agnès Pannier-Runacher sera accompagnée dans sa mission par Olga Givernet, ministre déléguée à l’Energie, ingénieure aéronautique spécialiste des jets privés, qui a voté contre leur régulation.
Drôle d’attelage !
Celle qui a été ministre de la Transition énergétique (gouvernement Borne) est donc supposée bien connaître quelques-uns de ses dossiers mais elle sera au défi de mettre l’écologie au centre.
Par ailleurs, rappelons quelques-uns de ses faits d’arme…
Le 13 avril 2020, dans le contexte de crise Covid, se faisant l'écho de déclarations de Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef national, elle estime qu'il « faudra probablement travailler plus qu'on ne l'a fait avant » pour « rattraper ce mois perdu »...
En octobre 2020, elle est accusée par plusieurs présidents de groupes parlementaires de gauche de « pressions graves et inacceptables » sur des députés, dans le but de les dissuader de déposer un recours au Conseil constitutionnel sur le projet de loi ASAP (sur l’Accélération et la Simplification de l’Action Publique), texte controversé pour ses régressions, notamment en matière environnementale.
Sa réputation est entachée par de nombreux scandales, en particulier de potentiels conflits d’intérêt avec le secteur des énergies fossiles (notamment la société Perenco, le numéro deux français du pétrole).
Elle ose demander « des petits gestes » (déclaration sur le « mel rigolo et sa PJ»), pendant que le gouvernement auquel elle appartient ne fait pas ce qu’il faut pour organiser un vrai changement.
Contre l’avis des scientifiques et à l’encontre des objectifs climatiques français, elle a déclaré qu’il fallait terminer le projet de l’Autoroute A69.
En février 2023, elle s’illustre par son acharnement à mettre en place une coalition pro-nucléaire au sein des Etats membres de l’Union Européenne (« l'Alliance du nucléaire en Europe »), au prix de compromis scandaleux sur la sortie du charbon.
Elle a aussi piloté la très contestée réforme de la sûreté nucléaire avec la fusion de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Last but not least, en janvier 2024, elle présente son projet de loi de souveraineté énergétique qui consacre « le choix durable du recours à l’énergie nucléaire ».
Où l’on voit qu’il y a de la schizophrénie chez nos leaders nationaux.
Alors Barnier et Pannier-Runacher, à défaut de révolutionner la société, se saisiront-ils de la transition écologique ?
Le budget 2025 aura valeur de test.
Pour EPLP, Martine Cornaille