Pesticides, alimentation et santé...
Massivement utilisés en agriculture conventionnelle, les pesticides ont contaminé depuis 50 ans tous les compartiments des écosystèmes ( eau, air, sol ) et tous les organismes. Leurs résidus et métabolites sont présents dans l'air de nos maisons, dans nos aliments, dans le lait maternel, dans les cours d'eau et les nappes phréatiques ...
L'alerte a été donnée pour la première fois en 1962 par la biologiste américaine Rachel Carson dans son ouvrage « Le printemps silencieux »* ( qui a contribué à l'interdiction du DDT que l'on retrouve encore aujourd'hui dans TOUS les sangs de cordons ombilicaux analysés en métropole ). Depuis lors les industriels de l'UIPP ( Union des Industriels des Produits Phytosanitaires ) ont tout mis en œuvre pour discréditer les études et les chercheurs ayant démontré la toxicité et l'écotoxicité de ces substances. 75 études publiées sur 83 démontrent en particulier un lien entre cancers ( leucémie, lymphome, pancréas, rein, sein, prostate, cerveau ) et pesticides. Les 8 concluant à leur innocuité ont été financées par l'UIPP... C'est la même « tactique » qui a été utilisée par l'industrie du tabac et celle de l'amiante avec les résultats que l'on connaît. Depuis 1992, l'UIPP prône une agriculture « raisonnée » dont les prescriptions en matière de pesticides ne concernent que le respect de la règlementation ( c'est bien le moins ! ) et des contraintes administratives ( ex. tenue d'un cahier des traitements ). Tout faire pour que rien ne change...
Que penser des LMR ?
Définies comme les Limites Maximales de Résidus, elles correspondent à un accroissement acceptable du risque et pas à l'absence de risque.
Pour respecter la LMR d'une substance active, les fabricants ou les agriculteurs utilisent des mélanges de substances dont chacune a sa propre LMR. Résultat, le nombre d'aliments contaminés par des « cocktails » de pesticides explose. Or les effets croisés de ces substances sont très difficiles à étudier mais on sait qu'en matière de toxicologie, les effets se multiplient plus souvent qu'ils ne s'ajoutent.
D'autre part, des études récentes ont démontré que certaines de ces substances agissent sur des cellules fœtales et d'autres lignées cellulaires à des concentrations jusqu'à 100 000 fois inférieures à celles déclarées sans danger jusqu'alors.
Une situation locale inquiétante
D'abord parce que des molécules interdites dans l'Union européenne sont toujours homologuées en Nouvelle Calédonie.
Ensuite parce que les quantités de phytosanitaires utilisés ici sont 50% plus élevées qu'en métropole. Or la France métropolitaine est le premier consommateur européen avec 1,3 kg / an / habitant . En Nouvelle Calédonie, ce sont 2,1 kg / an / habitant...
Encore parce que les autorités et une grande partie des utilisateurs professionnels sont dans le déni de la dangerosité de ces substances.
Enfin parce que des analyses ont montré des détournements d'usage inquiétants ( termicide sur légumes feuilles ).
Or, en Nouvelle-Calédonie comme ailleurs, les cancers et les maladies endocriniennes flambent. D'éminentes personnalités médicales estiment que les facteurs environnementaux sont impliqués dans cette flambée : tabac, alimentation, imprégnation chimique dont pesticides... Qui s'en préoccupe ici ? EPLP !
*les pesticides contribuent par leur non sélectivité à l'érosion de la biodiversité et à la disparition des sols.