Sous l’égide de la DASS NC (direction des affaires sanitaires et sociales de la Nouvelle-Calédonie) s’est tenu hier, 4 août 2017, un « Comité de lutte contre les arboviroses » auquel nous participons bénévolement.
Un « point » a été fait sur l’épidémie de dengue, les sérotypes en circulation, les moyens de lutte actuels et envisagés, l’état des populations de moustiques, l’augmentation régulière de la résistance à la deltaméthrine des vecteurs et les perspectives d’avenir…
Les échanges ont été sereins jusqu’à l’évocation par EPLP de la nécessité de conduire une étude scientifique sur l’efficacité de la lutte biologique, via des pièges pondoirs (*).
Une telle étude a été décidée voici plusieurs années mais jamais conduite en raison de sombres affaires de personnes.
Le protocole préparé, et dont le financement était trouvé, consistait à étudier les populations de moustiques sur deux sites (CPS et IRD à l’Anse Vata), l’un étant pourvu de pièges pondoirs et pas l’autre.
Suite à notre intervention, trois intervenants « officiels » se sont manifestés :
- deux pour dire « je ne crois pas à cette solution »
- l’autre pour ajouter « cela ne marche pas » (**)
- la dernière pour évoquer les « effets indésirables » potentiels de la mise en œuvre de cette « solution » : les pièges pourraient ne pas être entretenus par leurs propriétaires et devenir de nouveaux gîtes.
EPLP s’est insurgé contre ces propos irresponsables et a répondu :
- aux deux premiers que l’on n’attendait pas de scientifiques (médecins !) des croyances mais des évaluations rigoureuses suivies de conclusions étayées
- à la troisième qu’alors il faut nous expliquer pourquoi le principe de l’étude a été validé antérieurement et que, d’autre part, nos sources disent le contraire…
- à la dernière que nous attendions de la part des décideurs qu’ils soient tout autant préoccupés par les effets indésirables (sanitaires et environnementaux) des épandages d’insecticides pratiqués actuellement et depuis des lustres, et que, si l’évaluation conclut à leur efficacité, ces pièges pourraient être mis en œuvre a minima dans des sites sous le contrôle d’ « institutions » au fait de ce risque. Nous pensons notamment aux établissements de soins et établissements d’enseignement qui, aujourd’hui, « bénéficient » d’épandages de deltaméthrine, INSECTICIDE NON SELECTIF, notamment très toxique pour les abeilles et PERTURBATEUR ENDOCRINIEN. MALADES ET JEUNES pourraient ainsi éviter des expositions préjudiciables à leur santé et les pollinisateurs seraient moins impactés.
Nous demandons donc que les querelles soient dépassées et que l’intérêt général prime.
Autres interventions notables d’EPLP :
- l’ARS Toulouse (agence régionale de santé) conclut à « la dangerosité des épandages et à leur inutilité » (cf JT 12-13 national FR3 du 28 juillet 2017, visible sur site francetvinfo.fr , minutage : 16.22 à 25.08). Nous ne sommes donc pas les seuls à le dire mais ça, c’est « ailleurs » !
- le Fonds pour la prévention des pollutions de la NC octroie 7.8 millions FCFP à l’élimination conforme du stock de malathion de la ville de Nouméa. L’insecticide acheté à grands frais par l’exécutif Lèques l’a été malgré toutes nos alertes. Les Calédoniens paient donc deux fois en espèces sonnantes et trébuchantes la persistance dans l’erreur de décideurs « hors sol »…
- suite à l’annonce de la rentrée sur notre territoire de « nouveaux » moustiques venus d’ailleurs (zone La Tontouta), EPLP conseille aux services de santé de se procurer le rapport sur la biosécurité de l’ingénieur général Chomienne (auquel nous avons participé et dont le gouvernement nous refuse la communication…)
- EPLP demande aux communes de réaliser un suivi rigoureux des stocks d’insecticide dans lesquels, sous l’effet d’un stockage prolongé ou de la chaleur, peuvent se développer des produits de décomposition préoccupants (nous rappelons que malgré tous nos efforts déployés depuis 10 ans, la NC ne s’est pas encore dotée d’une réglementation en matière de biocides… Le laxisme est total.).
Pour EPLP, la Présidente,
Martine Cornaille
(*) (**) description et évaluation du Dr Julien Lebreton disponibles ici