Nul n’ignore que le géant de l’agrochimie Monsanto vient d’être condamné par la justice américaine à verser 289 millions de dollars à un jardinier atteint d’un cancer incurable après avoir été exposé à l’herbicide « vedette » de
Monsanto, le
ROUNDUP (1).
La substance active du ROUNDUP est le
glyphosate. Elle est présente dans
nombre d’autres produits commerciaux en vente libre en NC (2).
Le
22 mars 2015, suite au classement du glyphosate en catégorie 2A (= cancérogène probable) par le CIRC (agence de l’OMS spécialisée dans le cancer),
EPLP publiait un communiqué dénonçant l’usage abusif de cette molécule en NC et
demandait au gouvernement des mesures élémentaires de précaution et de bon sens visant les particuliers (3).
Sans résultat au 28 août 2018… On apprécie donc que le souci premier du gouvernement soit de préserver santé de la population et autres biens communs !
Pour 2016, les données DAVAR croisées avec les statistiques de l’ISEE nous en apprenait de belles au sujet des herbicides importés en NC (51.455 Tonnes rentrées en 2015 en NC) et du glyphosate en particulier (46 Tonnes !)...
Devant pareils chiffres nous avions conçu de vives inquiétudes et réécrit à l’adresse du gouvernement : « n’est-il pas temps d’agir ? ».
Le gouvernement ne nous a pas répondu mais, pire encore, n’a RIEN fait dans ce dossier (comme dans tant d’autres que nous avons ouverts !)…
Alors nous avons « remis le couvert » et obtenu les informations pour 2017 et les premiers 7 mois de 2018 (sources DAVAR et ISEE - NB : donnée payante selon arrêté du gouvernement ! -):
(en tonnes) |
2016 |
2017 |
Janvier à juillet 2018 |
Total herbicides |
51.455 |
40.387 |
36.310 |
dont glyphosate à usage agricole |
29.69 |
30.39 |
Inconnu pour l’heure |
Soit pour les seuls usages agricoles du glyphosate + 10.7 % (NB : il a d’autres usages « non agricoles » pour les collectivités et les particuliers) !
Et ce alors que le glyphosate a été interdit d’importation en NC durant les 3 derniers mois de 2017 suite à une « anomalie administrative » (propos DAVAR) ! La donnée est donc sur 9 mois !
La version calédonienne 2017 de GLYPHOSATE MON AMOUR fait donc mieux que la version 2016 !!!!
Et les chiffres partiels « total herbicides » de janvier à juillet 2018 donnent le tournis: en 7 mois, on est déjà à plus de 36 tonnes ! Soit déjà et à nouveau + 10.24 %…
« On n’arrête pas le progrès » dit-on…
Reste à savoir jusqu’où la fuite en avant…
En attendant, et puisque l’on sait qu’il faudra attendre encore d’hypothétiques mesures réglementaires, particuliers et collectivités, prenez les choses en main et boycottez les herbicides de synthèse, particulièrement ceux à base de glyphosate !
Pour EPLP, la Présidente, Martine Cornaille
(1) Le Monde : « Le jugement est accablant. Les jurés ont considéré que les produits à base de glyphosate visés par la plainte n’étaient pas aussi sûrs que les utilisateurs étaient en droit de l’attendre, qu’ils étaient
« un facteur substantiel » de la maladie du plaignant, que les risques posés par ces produits
« étaient connus ou pouvaient être connus à la lumière des connaissances généralement admises par la communauté scientifique au moment de leur fabrication, de leur distribution et de leur vente » et que Monsanto avait failli à en informer ses clients. Les jurés ont en outre estimé que la société avait agi avec
malveillance».
(2) En NC, et vous remarquerez l’effort de dénomination poétique, on a, en produits pour usages agricoles : Titan, Basta, Glyphos, Polaris, Robust, Eradicator…
(3) Cf notre communiqué de presse du 22 avril 2015
«cancérogénicité du glyphosate». Extraits :
« Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l’a classé le 20 mars 2015 dans la catégorie 2A
cancérogène probable.
On le trouve en
vente libre en
superettes, supermarchés et jardineries.
EPLP demande au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie de prendre toute mesure utile afin que les pesticides reconnus comme cancérogènes « probables » ou « possibles » par le CIRC, ne soient pas en vente libre pour les particuliers.
Ces derniers n’ayant pas tous le même niveau d’information en la matière et n’étant
pas astreints par le code du travail à mettre en oeuvre des prescriptions de sécurité (port de gants, de masques, d’équipement de protection individuelle = EPI, aération des locaux etc.), nous estimons que le
principe de prévention doit s’appliquer.
De ce fait, en attendant de les voir totalement interdits, les produits contenant ces substances doivent être
réservés à la vente sur demande expresse en jardineries et faire l’objet de conseils adaptés délivrés par des professionnels.
D’autre part, les
collectivités qui les utilisent dans
l’entretien des voieries, des parcs et jardins, doivent être sensibilisées au fait que des
contacts étroits peuvent se produire entre ces substances et le
public, particulièrement celui des
enfants, ce qui devrait les conduire à en
abandonner l’usage ».
(4) à des concentrations variées