Alors que l'
Europe bruisse du
scandale des œufs au fipronil, nous pensons utile d'informer les Calédoniens de nos
inquiétudes maintenant anciennes concernant les œufs commercialisés en Nouvelle-Calédonie.
Au travers des résultats d'analyse dont nous demandons communication au gouvernement de la NC et que nous étudions bénévolement pour vous chaque année, nous avons observé de très nombreuses et très graves failles dans l'information sur nos denrées alimentaires ainsi que dans le contrôle de leur qualité comme d'ailleurs dans celui de l'alimentation animale.
DES ŒUFS A LA CYROMAZINE...
Chez nous, ce ne sont pas les poux qui posent problème mais les mouches, et le fipronil est remplacé par la cyromazine.
En NC, cet insecticide est incorporé à l'aliment pour poulets et pondeuses (1) !
Cette "préparation" est destinée à lutter contre la prolifération des mouches dans les fientes.
Mais l'ingestion de ce poison fait qu'il se diffuse via le sang dans la chair et les œufs !!!!
Informés "par la bande" voici plusieurs années, nous avons aussitôt alerté le gouvernement via la DAVAR à laquelle nous avons demandé de réaliser un contrôle de résidus dans les œufs. 4 ans après, rien n'est encore fait...(1)
Or, la cyromazine est un produit dont la toxicité est incomparablement plus forte que celle du fipronil (2) !
Cette substance est même
classée parmi les plus dangereuses qui soient, elle est dite
Pan Brad Actor.
L’Université anglaise du Hertfordshire (qui travaille pour l'Union européenne à l'évaluation des substances actives) la classe comme
PERTURBATEUR ENDOCRINIEN (PE) AVÉRÉ !
Cette substance perturbe aussi la synthèse de l'ADN et est donc reprotoxique !
Rappelons que les PE agissent sur le fonctionnement de nos organismes à très, très, faible dose et qu'ils
agissent sur plusieurs générations même en dehors de nouvelles contaminations !
Exemple: une femme exposée transmet à sa descendance les effets du poison au travers de la contamination des embryons qu'elle porte. Ces embryons eux-mêmes peuvent transmettre des effets nocifs via leurs cellules reproductrices ("ovules" et spermatogonies) qui se forment au début de la gestation.
Dans l’Union Européenne, la cyromazine est autorisée :
- en usage agricole exclusivement sur aubergines sous serre
- en usage biocide (3) exclusivement sur ovins
- en usage vétérinaire sur animaux domestiques.
L’utilisation de la CYROMAZINE dans l’ALIMENTATION ANIMALE y est TOTALEMENT INTERDITE.
En UE, la LMR (4) autorisée dans les produits animaux se confond avec la limite de détection de la substance soit 0,01 microgramme / kg.
En NC la réglementation est ancienne et obsolète. Elle prévoit via la délibération 156 datant de 1998 (!) une LMR de 0,2 mg par kg soit 20 fois plus !!!!
S’agissant d’une substance très dangereuse pour la santé des consommateurs, cela est
INACCEPTABLE.
DES CONTROLES OFFICIELS DEFAILLLANTS
Nous déplorons que les
coûteux PSPC (plan de surveillance et plan de contrôle) de la DAVAR NC (direction des affaires vétérinaires, alimentaires et rurales de la Nouvelle-Calédonie)
ne permettent pas de connaître le statut sanitaire de nos aliments de façon fiable.
En cause : un
échantillonnage non conforme aux lois statistiques, et
l’absence de recherche de contaminants pourtant connus comme à risque tel la cyromazine dans les oeufs...
Nous insistons sur le fait que nous dénonçons cela sans relâche depuis 4 ans !!!!
L’autisme de la DAVAR nous préoccupe…
ŒUFS, DES REGLES D’ETIQUETAGE A REVOIR
En outre, s'agissant toujours des ŒUFS (oeufs et ovoproduits), nous déplorons qu’en NC
leur étiquetage ne mentionne pas :
- leur
provenance géographique alors qu'au moins 50% sont importés de pays où la réglementation est moins bien-disante que la réglementation européenne
- leur
mode de production
Ex. métropole:
Production normes AB signée 0
Production de plein air signée 1
Production au sol signée 2
Production en cages (élevage concentrationnaire !) signée 3.
- la
date de ponte. La date d'emballage qui figure ne peut pas suffire !
- la
date de durabilité maximale
- la
mention du calibre. Or un œuf peut peser entre 53 et 73 grammes soit 50% d'écart !
- la mention du
mode de conservation / réfrigération…
Ces mentions seraient pourtant très utiles aux choix « éclairés » des consommateurs…
D'autre part, que signifient les mentions calédoniennes ci-après :
- "cat. A "
- "produit à la ferme" ????
- « garantie sans OGM »
Et à supposer qu'il existe un "cahier des charges" pour l’apposition de ces mentions, quels sont les contrôles effectués ? À notre connaissance, ces derniers sont inexistants.
LA NC, PAYS A HAUT RISQUE / ALIMENTATION ANIMALE
Nous observons qu’en 2017 les poules pondeuses, notamment, sont nourries en NC avec du maïs exclusivement local dont on sait qu'il est à au moins 82% du maïs OGM (variétés tolérantes aux herbicides dites VTH obtenues par mutagenèse). Ces variétés sont indétectables par analyse mais ce sont bel et bien des variétés OGM (cryptOGM) quoi qu'en disent les agriculteurs et les politiques...
Nous dénonçons donc vivement l’absence en NC de contrôles officiels sur la qualité sanitaire de l’alimentation animale.
Cela concerne
toutes les filières d’élevage présentes en NC :
- Ovins
- Caprins
- Porcins
- Bovins
- Volailles
- Lapins
- Crevettes
- Poissons
- Equidés
ainsi que les
animaux de compagnie.
BREF, NOUS NE SAVONS PAS CE QUE NOUS MANGEONS FAUTE DE SAVOIR CE QUE LES ANIMAUX D’ELEVAGE CONSOMMENT !
Nous ne nous sommes pas encore résignés à ne pas savoir…
Merci de votre aide pour « secouer le cocotier » !
Pour EPLP, la Présidente, Martine Cornaille
(1) il existe des procédés de dessiccation des fientes par chauffage-ventilation qui évitent la prolifération. C’est par « avidité » que ces procédés ne sont pas mis en œuvre, et ce, au détriment de la santé des consommateurs… Au nom de « la santé d’abord ! », nous exigeons un cadre réglementaire strict et un contrôle efficace des acteurs qui empêchent ces dérives.
(2) cf communiqués PSPC d’EPLP des années 2014, 2015 et 2016
(3) l’ANSES parle de toxicité faible pour le fipronil
(4) les produits biocides sont des préparations de substances actives à usages domestiques ou industriels. Ces produits de la vie courante regroupent les désinfectants ménagers, les insecticides et les autres produits visant à éliminer, détruire ou repousser des organismes jugés nuisibles (champignons, bactéries, virus, rongeurs, insectes…).
(5) limite maximale de résidu
COMMUNIQUE DE PRESSE DU 16 AOUT 2017