Devant le silence assourdissant qui a suivi la diffusion de notre communiqué de presse du 8 octobre dernier et en attendant l’avis que nous avons demandé à la CADA, voici ci-après quelques données relatives à la communication faite en métropole sur le dépistage organisé du cancer du sein*. Elle est très en deçà de ce qui se fait en Allemagne ou au Canada ** mais c’est mieux qu'en Nouvelle-Calédonie où le Dr. Rouchon, directeur de l’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie, persiste à organiser une véritable omerta malgré nos demandes réitérées de révision…
* Voir communiqué du Conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants à ici (format pdf)
Extraits : « En France, les documents officiels (Institut national du cancer, 2015) informant les femmes sur le dépistage organisé du cancer du sein par mammographie ne répondent pas aux exigences éthiques et légales. Ils pointent précisément les bénéfices relatifs du dépistage (de 15 % à 20 % de réduction du risque relatif), tout en évitant de mentionner la très faible réduction du risque absolu. De plus, la nature des risques et effets indésirables, y compris les risques graves qui lui sont liés, est mentionnée au conditionnel, sans élément chiffré. »
EPLP : dans ces conditions, que dire de la communication faite en Nouvelle-Calédonie qui ne mentionne pas l’éventualité des risques et effets indésirables, même au conditionnel ?!
« D’un point de vue éthique, tout médecin doit au patient une information valide, honnête, objective (basée sur les données de la science) et compréhensible. Toute intervention médicale (préventive, diagnostique ou thérapeutique) doit être accompagnée de l’information sur ses bénéfices et ses inconvénients, voire ses risques, comme énoncé dans la loi du 4 mars 2002. »
EPLP : Dr Rouchon, savez-vous à quoi vous vous exposez en faisant l’autruche ?
« Age, prédisposition génétique, mais aussi tabagisme, consommation de café, travail de nuit, ou encore port de soutien-gorge, port de prothèse en silicone... De nombreux facteurs ont été accusés de favoriser les cancers du sein, mais le niveau de preuve est variable, de même que l'excès de risque associé. La Haute autorité de santé (HAS) a publié le 19 mai 2016 un volumineux rapport pour faire le tri, et proposer un dépistage spécifique en fonction des facteurs de risque les plus pertinents. La HAS a répertorié et analysé 69 facteurs de risque, et en a retenu 4 justifiant d'un dépistage spécifique : antécédents personnels de cancer du sein ou de carcinome canalaire in situ (un stade très précoce de cancer du sein); antécédents de radiothérapie thoracique à haute dose; certains cas d' antécédents familiaux de cancer du sein (sans mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2 identifiée dans la famille) et antécédents de certaines lésions du sein (hyperplasie canalaire ou lobulaire atypique, carcinome lobulaire in situ). »
EPLP : et chez nous en Nouvelle-Calédonie, l’évaluation de « notre » dépistage, c’est pour quand ?! 4 ans que l’on attend que le Dr Rouchon se manifeste…
En plein « octobre rose » 2016, le ministère de la santé a annoncé le 3 octobre une « rénovation profonde » du dépistage, qui remet en question les modalités des mammographies de contrôle proposées en France à 5 millions de femmes chaque année. Un tournant important qui s’appuie sur les conclusions d’un rapport critiquant le système actuel.
EPLP : à quand cette annonce pour nous, pauvres Calédoniennes ?
** Extraits du programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS) consultable à http://www.depistagesein.ca/objectifs/
« Objectifs : … aider les femmes à prendre une décision éclairée (avantages, inconvénients et limites de la mammographie);… »
« PROGRAMME
Un mot sur les inconvénients de la mammographie de dépistage
- Les faux négatifs (10 % des cancers) La mammographie n’est pas infaillible. Certains cancers peuvent passer inaperçus. Les femmes, leur médecin et l’infirmière praticienne spécialisée doivent donc rester attentifs à l’apparition récente des signes et des symptômes et ce, peu importe le résultat de la mammographie de dépistage.
- Consulter la page «Être attentive à ses seins»
- Les faux positifs (10 % des dépistages) Les mammographies demandant une investigation supplémentaire qui ne révèlera pas de cancer sont considérées comme des faux positifs. Les résultats faussement positifs ont plusieurs conséquences : de l’anxiété, une augmentation du nombre d’examens additionnels requis et d’examens de contrôle ainsi qu’une diminution de la participation des femmes aux dépistages subséquents. Pour 1000 femmes dépistées par le PQDCS, environ 100 seront référées pour investigation et 6 cancers du sein seront identifiés. Les faux positifs sont plus fréquents lors de la première mammographie.
- Les risques associés aux radiations Le risque est associé à la dose et à l’âge lors de l’exposition. Le risque qu’un cancer du sein se développe à cause d’une mammographie de dépistage aux 2 ans entre l’âge de 50 à 69 ans est très faible. EPLP: très faible mais pas nul !
- De plus, les changements technologiques permettant d’obtenir des images de mammographie numérique ont permis de réduire de plus de 20 % les doses de radiations émises. La quantité de radiations absorbées lors d’une mammographie varie d’une femme à l’autre en raison de ses caractéristiques personnelles. EPLP : est-ce que tous les cabinets calédoniens ont connu cette évolution technologique ?
- Il faut cependant savoir que la dose de radiations est plus élevée pour les femmes avec prothèses mammaires, des images mammographiques additionnelles étant requises.
- Surdiagnostic et surtraitement Le dépistage peut mettre en évidence des cancers qui n’auraient jamais eu de signification clinique pendant la vie des femmes. Le cancer du sein est une maladie hétérogène, qui peut donc se « comporter » très différemment d’une personne à l’autre. Certaines tumeurs progresseraient très vite et d’autres, très lentement. Il est possible que certains cancers, qui progressent très lentement, puissent ne pas avoir d’impact sur la vie de la personne. La grande majorité de ces cancers seraient des cancers in situ. Le problème est qu’on ne dispose d’aucun moyen pour connaître l’évolution de chaque cas particulier et que, dans ce contexte, il est justifié de traiter tous les cas. Selon la littérature, les estimations varient et jusqu’à une femme sur 5 ayant un diagnostic de cancer du sein dépisté pourrait correspondre à du surdiagnostic …
- Certaines femmes bénéficieront du dépistage et guériront de leur cancer. Certaines autres ne connaîtront que les désavantages, soit des examens additionnels inutiles ou l’identification d’un cancer pour lequel on ne peut changer l’évolution. Dans ces cas, le dépistage permet de devancer la date du diagnostic, mais n’en change pas l’issue.
- Pour en savoir davantage sur les avantages et les inconvénients reliés à la mammographie de dépistage chez les femmes de 50 à 69 ans, cliquez ici… »