Nous apprenons avec stupeur que, profitant d’un vide juridique, la Compagnie du Ponant commercialisera à partir de 2019, des croisières de luxe aux Chesterfield.
Le bateau Lapérouse qui transportera les croisiéristes huppés a une capacité de 92 cabines ou suites et 200 personnes… https://www.ponant.com/le-laperouse-er-1
Cela n’a nécessité aucune autorisation préalable ni la moindre étude d’impact !
C’est pour nous l’annonce d’un désastre écologique certain.
Piétinements, destructions de nids, dérangement des animaux –notamment en période de reproduction-, dépôt d’ordures, prélèvements de faune et de flore, introduction de parasites et d’espèces envahissantes, rejet d’eaux douces (même dépolluées !), voilà des menaces bien réelles…
Les Affaires maritimes écrivent :
« Les récifs Chesterfield et Bellona représentent une surface de 1 324 km² de récifs barrière soit 38% de la surface totale des récifs de Nouvelle-Calédonie. Cette zone comporte également de nombreux ilots susceptibles d’accueillir des populations d’oiseaux et de tortues. Cet abri, riche en biodiversité, est aussi un lieu de transit entre l’Australie, la Nouvelle-Calédonie et le Vanuatu. Le nouveau navire de haute mer du service de la pêche et de l'environnement marin (SPE) construit en 2011 nous permet aujourd’hui d’envisager un suivi régulier de cette zone sensible. »
http://www.affmar.gouv.nc/portal/page/portal/affmar/peche/presentation/Chesterfield
Le 2 octobre 2017, le CNRS et l’expédition TARA mentionnent :
« Avant de rejoindre Nouméa et le lagon calédonien, l'équipe de Tara Pacific a pris le pouls de la biodiversité exceptionnelle des îles Chesterfield. Trois spots ont été explorés et le premier bilan est extrêmement positif.
Que ce soit à terre ou sous la surface de ces eaux cristallines, Christian Voolstra, notre coordinateur scientifique et toute son équipe sont formels : « Nous sommes en présence d’un sanctuaire. Ici, nous n’avons constaté aucun événement de blanchissement en cours ou passé. Cet écosystème corallien est en très bonne santé comme à son premier jour. C’est extrêmement rare aujourd’hui, c’est peut-être la première fois d’ailleurs que je vois ça. Les îles Chesterfield sont une source d’espoir pour l’avenir. Nous sommes pourtant sous la même latitude que les récifs de la Grande barrière de corail ou de la Nouvelle-Calédonie qui sont, eux, meurtris. Nous avons hâte de comprendre pourquoi cet écosystème va si bien ».
Une biodiversité exemplaire
Pendant toutes ces plongées de multiples espèces de coraux ont encore été aperçues avec des couleurs et des formes de toutes factures. Côté faune sous-marine, des thons, des bonites, des mérous, des balistes, des poissons-perroquets, des maninis ou poissons-chirurgiens et des requins de récif pointe noire ont été aperçus et aussi, chez ces prédateurs, des espèces comme les requins Silver tip, d’une envergure de trois mètres.
À terre, nous aurons pu observer des quantités d’oiseaux marins tels que les fous, les sternes, les shearwaters, les frégates à jabot rouge. Pour toutes ces espèces, les petits venaient à peine de naître et luttaient déjà pour survivre. Sur la plage de l’île Longue, nous avons pu approcher des tortues vertes, en pleine période de reproduction, dont on a dénombré jusqu’à trente spécimens adultes.
Un joyau français
Les îles Chesterfield, réserve du parc marin de la mer de Corail, sont donc un joyau dont la France doit absolument prendre soin, car elles ont déjà valeur de sanctuaire dans cette région du Pacifique et, surtout, dans ce contexte de hausse durable des températures. Concernant la bonne santé des Chesterfield, la biologiste Claudia Pogoreutz (KAUST) avance une hypothèse : les causes sont peut-être à chercher du côté des oiseaux et de leur guano que l’on sent bien avant de débarquer sur ces îles.
Les quinze taranautes du bord garderont en tout cas un souvenir inoubliable de cette courte semaine passée dans cet archipel que l’anthropocène semble avoir, à part quelques macrodéchets plastiques, encore épargné. »
https://lejournal.cnrs.fr/nos-blogs/tara-operation-corail/iles-chesterfield-un-joyau-intact-de-biodiversite
Les Calédoniens DOIVENT ETRE CONSULTES sur de telles « orientations » de pseudo-développement (quelles retombées économiques pour les Calédoniens ????) touchant de façon irréversible à leur patrimoine naturel, et au-delà, à celui de l’Humanité.
La Nouvelle-Calédonie ne peut laisser faire cela !
Le défaut de protection réglementaire est connu depuis des lustres (cf LNC 24 février 2009 « Les animaux des îles Chesterfield sous-protégés »).
Faute d’orientations claires prises par le gouvernement de la NC s’agissant de l’exploitation des ressources minières profondes, le plan de gestion de ce que l’on nous annonçait à grands renforts de com comme « la plus grande aire marine protégée du monde» (soit le Parc Naturel de la Mer de Corail) a avorté.
Niveau de protection actuel : ZERO !
En février 2016, là encore à grands renfort de com (toujours avec nos sous…), on nous vantait le fait que la Nouvelle-Calédonie avait la « responsabilité » de 30 % des récifs vierges du monde dits pristine.
Ceux des Chesterfield émargent à cette catégorie.
Alors qu’attendez-vous messieurs les gouvernants ?
Nous ne pouvons plus nous payer de mots, l’urgence est là.
Nous exigeons de vous que toutes les mesures utiles visant à l’interdiction des touchers aux Chesterfield soient prises immédiatement.
Les affairistes, EUX, n’ont pas attendu !
Nous souhaitons que soit organisée une consultation du public la plus large possible quant au développement promis de la croisière en Nouvelle-Calédonie. Cette industrie ne présente à notre avis AUCUN AVANTAGE… Nous sommes prêts à en discuter publiquement.
Pour EPLP, la Présidente, Martine Cornaille