COMMUNIQUE DE PRESSE 23 MARS 2015
Larmes de crocodile…
Un événement météorologique d’une rare violence vient d’affecter à des degrés divers des archipels de notre région Pacifique (Vanuatu, Kiribati, Tuvalu, Salomon, Fidji, Nouvelle-Calédonie…).
Nos voisins immédiats nivanuatais ont, semble-t-il, payé le plus lourd tribut au monstrueux cyclone PAM décrit comme « la catastrophe naturelle la plus dévastatrice de l’histoire de l’archipel » ; la moitié de la population vanuataise aurait été touchée par ses effets (soit 150 000 personnes).
Depuis lors la communauté internationale et la Nouvelle-Calédonie presque[1] toute entière (institutions, associations et population), se mobilisent pour apporter leur aide aux sinistrés.
EPLP se félicite de ces magnifiques élans de solidarité et y prend sa part mais souhaite rappeler que cette catastrophe n’a de « naturelle » que le nom. En effet, l’augmentation continue des rejets de gaz à effet de serre, comme le CO2 issu de la combustion des énergies fossiles, contribue largement au dérèglement climatique et donc à la création de ces « monstres météorologiques.
Les propos d’un Loyaltien (d’Ouvéa) s’adressant publiquement au directeur général de SLN (alors P. Alla) résonnent encore à nos oreilles. Il demandait si la SLN viendrait le « sauver » lorsque son île coulera…
C’est bien là le problème : nos « grands » acteurs économiques (qui nous rappellent régulièrement et avec beaucoup d’insistance qu’ils sont de grands pourvoyeurs d’emplois…) avec la complicité active de la classe politique locale et nationale, font de très mauvais choix pour la préservation de l’environnement et de la santé. Mais ils laissent à la société civile le soin de régler les coûts des dégâts que ces choix occasionnent. On parle d’ « externalités négatives ».
En bons comptables, les pouvoirs publics devraient pourtant les intégrer au bilan précédant toute prise de décision… Mais ce n’est pas le cas car le temps des personnels politiques n’est évidemment pas le temps de la Terre.
Où est leur souci de l’intérêt général de long terme ? On le cherche en vain…
Alors nous nous faisons le porte-parole de cette société civile d’ici et d’ailleurs qui ne veut plus payer, ni dans sa chair, ni avec ses sous, ni maintenant ni plus tard.
Nous Calédoniens, nous tirons des bénéfices[2] de l’exploitation minière et de la métallurgie du nickel. Afin que d’autres que nous ne « payent » le prix fort des conséquences de nos désastreux choix économiques, il nous incombe d’en prendre TOUTE la mesure.
Après les bombes nucléaires des colonisateurs du Pacifique, voici venu le temps des bombes climatiques.
Mais les colonisés d’hier sont les colonisateurs d’aujourd’hui[3]…
Peuples, où est votre sens moral ?
En décembre à Paris vos représentants vont s’asseoir à la table de ce qui est décrit comme « notre dernière meilleure chance » de parvenir à un accord sur le climat.
Avec quelle ambition pour eux-mêmes ?
La NC par exemple verra ENCORE croître ses émissions de GES dans le futur et son avenir énergétique est quasi scellé pour 50 ans et ce avant même que son Schéma énergie-climat n’ait vu le jour !
Et la NC organisera Océania 21 et peut-être aussi un 4° sommet France-Océanie sur le climat avant la COP 21 de Paris.
Tout cela est à pleurer ! Nous avons HONTE devant tant de duplicité.
Fin février, nous avons appelé la communauté des chercheurs de la Nouvelle-Calédonie à nous rejoindre dans la dénonciation du choix du charbon exclusif fait par ERAMET-SLN parce que cette communauté ne peut pas ignorer la gravité de la situation.
Nous lui proposons de dire haut et fort :
- que ce choix est le pire des choix parce qu’il est climaticide et antiéconomique,
- que la fiscalité sur le travail est plus punitive que celle sur l’écologie,
- que la fragilité liée à notre dépendance énergétique aux énergies fossiles venues de l’extérieur est insupportable,
- que notre « développement » va dans le mur (Cf. Agence Française de Développement),
- que nul, petit ou grand « pays », ne peut s’exonérer de ses responsabilités[4],
- qu’il est bien question de la SURVIE de nos voisins et d’une part de NOTRE territoire,
- que l’économie ne peut plus être une fin mais doit être un outil parmi d’autres au service du développement HUMAIN...