Parlez-vous de celle décrite successivement par le Pentagone (mars 2010), « les Lloyds » (juillet 2010) et la Bundeswher (armée allemande, septembre 2010) ? Sans doute pas. Alors parce que ces « autorités » sont réputées incontestables, il est temps de se documenter sur cette crise-là aussi…
De quoi est-il question ? De crise énergétique !
« Les Lloyds », organisateurs du marché mondial de l’assurance, pourtant d’ordinaire avares de communication, tirent la sonnette d’alarme et appellent gouvernements et entreprises à décarboner l’économie. Les Lloyds seraient-elles devenues folles, c’est à dire « écolos » pour certains ? Reprenant presque mot pour mot le discours de ces derniers, elles rappellent que notre développement s’est basé sur l’accès quasi-illimité aux sources d’énergie fossiles donc carbonées et que cela touche à sa fin.
Epuisement des réserves « faciles », routes des pipelines et gazoducs peu sûres, pays producteurs politiquement fragiles, événements climatiques extrêmes perturbateurs de la production, accidents de forage, montée en puissance de la demande des grands émergents (Brésil, Chine, Inde, Indonésie), sous-investissements dans l’exploration-production et les infrastructures de transport, tout concourt à ce que l’accès aux ressources pétrolières, gazières et charbonnières devienne de plus en plus difficile pour les pays industrialisés.
Précisant qu’il faut dix ans au moins pour qu’un investissement décidé en matière énergétique fournisse ses premiers KWh, elles estiment à 26 000 milliards de dollars au moins d’ici 2030 les sommes nécessaires aux énergéticiens pour satisfaire nos besoins énergétiques les plus élémentaires. Difficile en temps de crise (pas celle-là, l’autre !).
Conclusion numéro une : la sécurité d’approvisionnement est inséparable de la transition vers une économie faiblement carbonée.
Conclusion numéro deux : il faut tirer les leçons du niveau de prix atteint par le pétrole en 2008 et se préparer à vivre avec une énergie structurellement très chère.
NB : même si le charbon demeure moins cher que le pétrole, l’évolution de son cours est parallèle à celle de l’or noir (pauvres de nous !).
Conclusion numéro trois : il faut préparer la troisième révolution industrielle et agricole qui libèrera les entreprises de leur « addiction » au pétrole en bouleversant nombre de « business models » parmi lesquels les transports tous azimuts. Il faudra relocaliser !
Quant à la Bundeswher, elle annonce le « peak oil »* « aux alentours de 2010 » et prédit qu’il aura des « conséquences sur la sécurité dans un délai de 15 à 30 ans. Le pic pétrolier entraînera une flambée des prix et, à moyen terme, le système économique global et chaque économie nationale pourraient s’effondrer ». Et encore : « des pénuries de biens vitaux », notamment de nourriture, pourraient apparaître, conduisant à des « politiques de rationnement ». Les analystes de l’armée allemande s’inquiètent aussi des conséquences géopolitiques de la raréfaction du pétrole qui pourrait favoriser la montée des extrémismes.
Pour sa part, l’état-major interarmées américain prévoit une crise énergétique sévère d’ici à 2015, ajoutant « du pétrole, il n’y en aura pas pour tout le monde ».
Oui, en effet, les environnementalistes ont déjà écrit tout cela… Non pas oiseaux de malheur, mais oiseaux fuyant le malheur, ils voulaient et veulent encore que l’on ne perde pas davantage de temps pour mettre les Calédoniens (et les autres si possible…) à l’abri des cataclysmes qui se profilent.
Reste aux gouvernements à lancer les politiques et prendre les mesures visant à réduire la consommation d’énergie fossile (aië aïe aïe chez nous !) par l’amélioration de l’efficacité énergétique et la conversion aux renouvelables.
A bon entendeur…
NB : parce que les énergies carbonées sont réputées être de grandes contributrices au changement climatique, à vos agendas ! En 2010 comme chaque année, EPLP relaiera en Nouvelle-Calédonie la journée internationale de mobilisation contre le changement climatique. RV le samedi 4 décembre à 9 heures sur le parking baie de la Moselle. Cette date coïncide avec la convention des Nations Unies sur le changement climatique de Cancun, Mexique qui se tiendra du 29 Novembre au 10 Décembre 2010.
* Peak oil ou pic pétrolier = date à laquelle la production de pétrole commencera à décliner.
Pour EPLP, Martine Cornaille