Une dépêche AFP de ce jour :
NOUMEA - La Nouvelle-Calédonie, gros pollueur à cause de son industrie minière, veut participer au sommet sur le climat de Copenhague, pour lutter contre le réchauffement global dont les premières victimes sont des îles voisines.
"Les états de la planète les plus touchés sont les îles du Pacifique, dans notre zone, comme Tuvalu ou Kiribati. Nous ne pouvons pas nous voiler la face", a déclaré à l'AFP, Philippe Gomès, président du gouvernement calédonien.
La Nouvelle-Calédonie, territoire associé à l'Union européenne, n'a pas d'engagements propres dans le cadre du protocole de Kyoto en 1997, et ses émissions de gaz à effet de serre n'entrent pas dans les quotas français.
Pour certains juristes et écologistes, il s'agit d'une argutie juridique, qui a été utilisée sous la pression "des lobbys miniers" pour ne pas gêner les grands projets en cours.
Détentrice d'un quart des ressources de nickel de la planète, le Caillou connaît un développement sans précédent de son industrie métallurgique, qui comptera bientôt trois importantes centrales électrique au charbon.
L'actuelle centrale au fuel de la Société Le Nickel (groupe Eramet), vieillissante et polluante, doit être remplacée par une unité de production au charbon.
Au sud, une centrale entrera en activité en début d'année prochaine pour alimenter l'usine chimique Goro Nickel du groupe brésilien Vale Inco et au nord en 2012, une autre centrale, toujours au charbon, fournira l'usine Koniambo du géant anglo-suisse Xstrata et de la SMSP locale.
"Cela va aboutir au triplement de nos émissions de carbone. Pendant que le monde entier se préoccupe de les réduire, la Calédonie fait exactement l'inverse", déplore Martine Cornaille, présidente de l'association Ensemble pour la Planète.
Avec 13,7 tonnes d'émissions de CO2 par habitant, la Nouvelle-Calédonie, il est vrai peu peuplée (250.000 habitants), est déja mal placée, devant la moyenne métropolitaine de 8,5 tonnes.
"La Nouvelle-Calédonie doit intégrer la délégation française à Copenhague, mais un accord particulier est nécessaire afin de montrer notre volonté de s'inscrire dans l'après-Kyoto", a indiqué M. Gomès.
Sur les 50 dernières années, la température moyenne dans le territoire a augmenté d'un degré et Ouvéa, petit atoll dont les nappes phréatiques sont exposées au risque de salinisation, est particulièrement exposé au risque d'augmentation du niveau de la mer.
La situation est cependant bien pire dans nombre d'îles voisines, dont certaines sont condamnées à disparaître. Ces micro Etats espèrent faire entendre leur voix lors du sommet de Copenhague et obtenir des aides financières, notamment pour financer l'évacuation des populations.
Lors d'une table ronde le mois dernier aux îles Marshall, réunissant 14 pays du Pacifique, Patrick Nunn, chercheur à l'Université du Pacifique Sud de Fidji, a tiré la sonnette d'alarme.
"D'ici 2100, je ne crois pas que beaucoup d'îles seront encore habitables. On estime qu'à la fin du siècle, le niveau de la mer aura augmenté d'un mètre", avait-il averti, exhortant les dirigeants à préparer dès maintenant des programme de déplacement des populations.