Le développement durable est le socle des actions menées par EPLP. Un développement durable ne peut pas laisser sur le bord du chemin la majorité de l’Humanité, celle constituée par les Femmes. EPLP ne peut donc pas se désintéresser de ces travaux.
J’ai souhaité vous dire aujourd’hui deux mots de l’intimité violée des femmes. En effet, elles subissent « préférentiellement » voire exclusivement :
Viols et agressions sexuelles
Mariage forcé ou esclavage sexuel
Mutilations génitales « culturelles »
MAIS AUSSI, et cela est largement moins connu, des pratiques médicales excessives ou « hors normes » dans nos pays dits développés.
Même si je sais que je vais surprendre, voire choquer (je m’attends même à quelques protestations outrées, notamment de femmes médecins), c’est sur ces pratiques que je veux intervenir pour dénoncer les usages d’aujourd’hui en obstétrique ainsi que la contraception chimique ou encore le dépistage des cancers féminins (je prendrai l’exemple du cancer du sein).
1. Les principales pratiques de naissance* dont la nuisance a été démontrée et qui sont pourtant utilisées de façon systématique, sans explication et sans véritable consentement de la patiente sont:
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la position « conventionnelle » (dite en décubitus dorsal, sur le dos, les pieds dans les étriers): une position dégradante qui place la femme dans une situation de dépendance et de soumission au personnel médical MAIS absolument pas adaptée parce qu’elle ralentit le « travail », décuple les douleurs et entraine plus d’interventions médicales. (cf conclusions étude évaluation de l’accouchement ces 50 dernières années de l’American Journal of Obstetric and Gynaecology du 12 mars 2012 : « le travail prolongé est principalement causé par des changements dans la pratique ». Cette étude qui a porté sur 140,000 naissances aux Etats- Unis entre 1959 et 2008, montre que l’on met aujourd’hui 2h30 de plus en moyenne qu’il y a 50 ans pour mettre au monde son enfant – 6H30 au lieu de 4H).
Avec-vous réalisé que l’on vous prescrit là et contre toute logique la même position « de repos » qu’en cas de menace d’accouchement prématuré ????
la programmation de l’accouchement -pouvant atteindre plus de 50% des cas dans certaines maternités !-, procédure tentante quand l’imprévisibilité d’une naissance peut poser des problèmes d’organisation ou affecter la rentabilité de la maternité (il y a pourtant peu d’indication médicale de déclencher un accouchement ou de l’accélérer en injectant des ocytociques **)
l’épisiotomie (pratiquée dans 50% des cas en France mais dans 6% des cas en Suède ! Où est donc la rationalité ?), qui consiste à infliger une déchirure certaine pour contrecarrer une déchirure éventuelle ; c’est le SEUL acte chirurgical pratiqué presque toujours par un NON CHIRURGIEN, « à contresens » des fibres musculaires et dont le taux demeure très élevé malgré le fait que sa dangerosité et son inutilité ont été démontrées par de nombreuses études. Dans beaucoup de cas, elle est pratiquée à l’insu de la patiente, donc sans son consentement. (Nous vous faisons part ici de témoignages de femmes qui ont été recousues à vif, dans des douleurs insupportables, ou qui ont souffert des années de leur cicatrice, d’autres devenues incontinentes anales, ou encore de celles qui ont définitivement perdu leur sensibilité et tout plaisir sexuel).
la césarienne, acte chirurgical non dénué de risque pour la mère et l’enfant: le taux moyen hexagonal était de 5 % il y a 35 ans, il est de 20 % actuellement : pourquoi un quadruplement ? Il varie de 9 à 30 % dans certains établissements : pourquoi de telles disparités dans les pratiques ? A noter qu’il est aujourd’hui de 6 % aux Pays-Bas. L'OMS indique que les pays dont les taux de mortalité périnatale sont parmi les plus faibles du monde ont des taux de césarienne inférieur à 10 %.
2. En matière de contraception, il nous faut exiger la réévaluation des pratiques et des recherches médicales. Pourquoi les femmes sont-elles les seules à subir les effets secondaires des contraceptifs chimiques dont on mesure mieux maintenant combien ils sont délétères pour la santé des femmes (au plan cardiovasculaire notamment) ? Pourquoi le niveau de « risque acceptable » a-t-il été placé si haut pour nous ? Insistons sur le fait que les contraceptifs s’adressent à des filles ou à des femmes jeunes en bonne santé ! Pourquoi la recherche sur la contraception masculine est-elle si lente pour une « physiologie » réputée « plus simple » ? NB : c’est cet argument de complexité de la physiologie féminine qui est systématiquement avancé pour justifier de l’instrumentalisation de leur corps par la médecine. La contradiction est patente ! Pourquoi la chimie et la pharmacologie modernes échouent-elles à maîtriser la fertilité masculine quand le contrôle de la fertilité féminine est promu depuis maintenant 50 ans comme un triomphe de la médecine moderne, « au service des femmes » croit-on utile de préciser sans rire ?
3. Pourquoi les médecins pratiquent-ils si souvent une hystérectomie sur les femmes ménopausées ? Pourquoi si longtemps le THS ? Pourquoi des vaccins (Gardasil) hâtivement prescrits à de toutes jeunes filles alors qu’il contient de nombreux ingrédients à risque pour leur santé et leur fertilité (polysorbate 80, L-histidine…) ?
4. Pourquoi les femmes sont-elles incitées au dépistage organisé du cancer du sein sans recevoir d’information préalable relative aux inconvénients de cette pratique (surdiagnotic, surtraitement, faux négatifs, effets iatrogènes des rayons, des ponctions etc.) ? Les procédés mis en œuvre en NC, sont, comme souvent ailleurs, manipulatoires « parce que la fin justifie les moyens »: il faut, coûte que coûte, nous amener à adhérer au dépistage par mammographie. Pour cela, les médecins jouent sur nos émotions parce qu’elles empêchent de penser:
la tendance à la conformité (pour les femmes « je fais comme les autres », et en version médecins, « je manque d’esprit critique » !)
la sympathie « parlez-en à vos amies, parlez-en aux femmes que vous aimez »
la peur, la dramatisation, le pathos
l’amour des belles histoires : « la mammo m’a sauvé »
le recours à des visuels « vendeurs »: femmes très jeunes alors que l’âge moyen de survenue du cancer sein est de 61 ans
l’appel à l’autorité illégitime : ex. peopolisation avec « stars », actrices, animateurs radio ou de TV… Ont-elles, ont-ils pensé aux risques vers lesquels ils nous poussent ? Ce n’est pas « un savon en plus » qu’ils nous vendent mais « un sein en moins » !
la culpabilisation : si vous n’y allez pas, ne venez pas vous plaindre !
le détournement du sens des mots, ex. mots caoutchouc avec charge positive importante : « prévention » du cancer du sein : la mammo n’est PAS de la prévention !, « informer » n’est pas convaincre !, « bénéficier » d’un acte gratuit…
Je n’en peux plus d’ « octobre rose » dit « mois de la sérénité » ! C’est devenu pour moi le mois de la colère ! Et elle dure au-delà … ***
Conclusion
La médecine généraliste est largement féminisée mais cela ne change rien au problème… L’attention médicale portée au corps féminin décrite ici est disproportionnée et basée sur le diptique :
bénéfice insuffisant ou nul
absence de consentement éclairé (allégations promotionnelles, parfois tapageuses, sans vérification expérimentale).
Si ailleurs, des femmes meurent faute d’accès aux soins, nous, nous mourons d’en avoir trop… Il convient donc de ne pas négliger ces violences faites au corps et à l’intelligence des femmes par le pouvoir médical que nous engageons à un salutaire retour critique et auquel nous demandons respect, liberté de choix, et choix éclairés. Les autorités sanitaires (locales, nationales et internationales) sont complaisantes à l’endroit de pratiques très clairement abusives.
La création d'une société juste pour la femme implique une profonde restructuration de notre façon de penser et de notre expérience du monde. Les médecins, hommes et femmes, sont eux aussi concernés. Nous devons en particulier leur adresser une piqûre de rappel sur les lois applicables en matière de consentement à un acte médical et à l’éthique****. Donnez-nous les informations, toutes les informations, nous nous chargeons du reste… Yes we can penser de façon autonome NOTRE SANTE gynécologique et mammaire ! *****
* A leur sujet, on peut parler de "rites", c’est-à-dire de pratiques qui s’appuient sur des croyances, un conditionnement culturel ou des protocoles médicaux rigides sans réels fondements, plutôt que sur "l’evidence-based medecine", c’est-à-dire des études qui démontreraient les avantages de ces pratiques. « Nous devons promouvoir des cliniques de santé des femmes, la médecine alternative et le suivi des grossesses et des naissances hors du milieu hospitalier ». « Notes sur les conditions d’accueil du naissant: il est extrait de sa mère, posé quelques minutes sur elle puis il lui est arraché et doit subir des manipulations intrusives, douloureuses et inutiles dans la grande majorité des cas. Il y a une continuité physiologique entre l’accouchement et la lactation: pour favoriser l’allaitement, il faut laisser le petit avec sa mère plutôt que de procéder à ces gestes dès la naissance (pesée, mesure, évaluation du score d’Apgar, injection de vitamines, aspiration, gouttes dans les yeux, toilette, habillement… ) ».
** On fait remarquer que sont utilisées des substances (comme le cytotec) qui n’ont pas été approuvées par les fabricants pour cette utilisation…
*** Pr Peter Gøtzsche, Centre Cochrane nordique de Copenhague : « Dépistage par mammographie : vérité, mensonges et controverse » » «En examinant soigneusement les études scientifiques, je doute que le dépistage du cancer du sein prolonge la vie des femmes, ce qui est le point crucial : nous souhaitons tous vivre plus longtemps » http://www.formindep.org/Interview-de-Peter-Gotzsche.html ; Rachel CAMPERGUE http://www.expertisecitoyenne.com/; Dr M. Girard : « le meilleur moyen de réduire l’incidence du cancer du sein, c’est de stopper le dépistage » ; B. Junid, cancer du sein : « le surtraitement est devenu un problème de santé publique » l’Express 02.07.2012 ; C. Riva « si le dépistage était un médicament, il aurait été retiré » Fémina 26.06.2012.
**** Article R 4127-35 du Code de la Santé publique : « Le médecin doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il conseille, une information loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu’il lui propose ».
***** Rapport final du EG-S-VL, Conseil de l’Europe, Strasbourg, juin 1997. Est considéré comme acte violent : “Tout acte, omission ou conduite servant à infliger des souffrances physiques, sexuelles ou mentales, directement ou indirectement, au moyen de tromperies, de séductions, de menaces, de contrainte ou de tout autre moyen, à toute femme et ayant pour but et pour effet de l’intimider, de la punir ou de l’humilier ou de la maintenir dans des rôles stéréotypés liés à son sexe, ou de lui refuser sa dignité humaine, son autonomie sexuelle, son intégrité physique, mentale et morale, ou d’ébranler sa sécurité personnelle, son amour-propre ou sa personnalité, ou de diminuer ses capacités physiques ou intellectuelles.”
Pour EPLP, la Présidente,
Martine Cornaille