Articles - Livre Bleu-Vert

Les transports

XIV.1.         Contexte et problématique

Sur 9 % du territoire, le Grand-Nouméa rassemble 2/3 de la population calédonienne. La population est en croissance permanente avec une demande annuelle de 1.200 logements supplémentaires et une densification de l'habitat (en 2004, 90 habitants au km2 pour le Grand Nouméa et plus de 1 800 habitants au km2 pour Nouméa). Hormis les liaisons des îles avec la Grande-Terre et les îles entre elles qui sont assurées par avion et bateau, la circulation des personnes est très majoritairement confiée à la voiture individuelle. L'extension de l'urbanisation, la spécialisation des espaces (résidentiel, industriel, artisanal, ...) et la pauvreté des voies pédestres et cyclables du Grand Nouméa limitent fortement les modes de déplacement de proximité. Les transports en commun sont également très insuffisamment développés (réseau de desserte, régularité et fréquences des ramassages). Leur attractivité médiocre provient d'une tarification peu incitatrice, d'un manque d'information sur leur utilisation et de l'absence d'avantages en faveur des bus sur la voirie (couloirs de bus, sites propres). Ils ne sont donc pas perçus comme une alternative sérieuse à l'automobile qui apparaît ainsi encore aujourd'hui comme l'outil préférentiel de déplacement du Grand-Nouméen. Ils sont donc quasi exclusivement empruntés par une population dite « captive », c'est-à-dire qui utilise les transports en commun par défaut. Or les transports en commun consomment 5 fois moins d'énergie par passager qu'une voiture particulière, sachant qu'un bus transporte environ 50 passagers (WWF, 2004), et réduisent la densité du trafic routier et donc les problèmes d'embouteillage, problèmes croissants sur le Grand-Nouméa. Cette politique du « Tout-automobile » entraîne un impact considérable de nos déplacements sur l'environnement : * consommation d'hydrocarbures (essence, gasoil) ; * pollution atmosphérique ; * pollution sonore ; * remodelage du relief (terrassements, dévégétalisation des talus) et consommation d'espace ; * problème de gestion des épaves de véhicules ; * gestion des déchets des consommables automobiles (batteries, huile). Il n'existe pas, actuellement, de Schéma directeur des déplacements de type Plan de Déplacements Urbains (PDU) pour assurer à moyen terme la mobilité des habitants du Grand-Nouméa. Cette mobilité est appréhendée au travers d'une juxtaposition d'outils sans véritable lien entre eux (Plan de circulation + Etude d'évolution du réseau urbain + restructuration des lignes interurbaines + Plan vert/Plan Bleu + Plan d'Urbanisme Directeur) et portée par une multiplicité d'intervenants publics (communes, provinces et gouvernement). La création du Syndicat Intercommunal du Grand Nouméa (SIGN) offre un cadre formel d'élaboration de ce schéma mais n'a pas encore apporté de réponses concrètes au problème, d'autant que la compétence transport des communes et de la province Sud n'a pas été transférée à cette nouvelle entité.

XIV.2.         Propositions

XIV.2.a.    MESURES URGENTES et/ou APPLICABLES IMMEDIATEMENT

* Instaurer un contrôle antipollution sur les véhicules en appliquant les normes européennes. * Instaurer une taxe à l'achat sur les véhicules proportionnelle à la pollution générée et sur la durée de vie du véhicule (en fonction de la puissance moteur).

XIV.2.b.    AUTRES MESURES

Dans le cadre d'une politique intercommunale, élaboration d'un Plan de Déplacements Urbains (PDU) englobant Nouméa, Mont-Dore, Dumbéa et Païta, en concertation entre les services et administrations compétents, les professionnels des transports, les associations d'usagers et environnementales, conformément aux dispositions de la loi sur l'air du 30 décembre 1996, (obligatoire en métropole pour les agglomérations de plus de 100.000 habitants mais non applicable en NC). Ce plan doit avoir valeur juridique et être opposable au tiers (aménageurs, collectivités) et répondre entre autres aux objectifs suivants : * instaurer au centre ville des zones piétonnes, réservées aux piétons, cyclistes et transports en commun et doter l'ensemble de la ville de trottoirs dignes de ce nom, libres d'accès et praticables par tous les usagers, y compris les handicapés ; * aménager des parkings gratuits et gardiennés en périphérie avec des navettes permettant aux usagers de se rendre rapidement au centre ; * développer les transports en commun, en harmonisant les réseaux (CarSud et Karuïa Bus), en matérialisant sur la chaussée des couloirs réservés aux bus dans le grand Nouméa, en proposant des forfaits et des tarifs incitatifs ; * élaborer un véritable réseau de pistes cyclables permettant de se rendre de son domicile à son travail, à l'école ou à la fac en vélo en toute sécurité, * prévoir des parkings à vélos ; * étudier la faisabilité d'un transport maritime (ferry) entre le Mont-Dore, Dumbéa et Nouméa ; * relocaliser l'économie en incitant les entreprises et les administrations à s'installer hors du centre ville de Nouméa et de Ducos. Dans un souci de décentralisation, promouvoir la création de zones mixtes pour rapprocher les pôles d'activité des lieux de résidence des populations notamment au Mont-Dore, Dumbéa et Païta, pour éviter d'en faire des cités dortoirs et réduire ainsi les déplacements ; * réglementer la circulation des camions dans la ville (plages horaires, etc.) * promouvoir le télétravail et la visioconférence. La taxe « transports », prélevée dans les entreprises, dédiée à l'amélioration des transports n'existe pas en Nouvelle-Calédonie. Les entreprises pourraient être mises à contribution par des incitations fiscales pour celles qui concèderaient des facilités à leurs employés s'ils utilisent les transports en commun. Appliquer les normes européennes en matière de carburant (ex : qualité du gasoil) et développer un réseau de distribution de carburant propre : biocarburant (coprah uniquement), GPL et gaz naturel en particulier pour les autobus et les camions de ramassage de poubelle. Encourager par des mesures incitatives le covoiturage et promouvoir les voitures hybrides à moteur électrique et thermique, les boosters électriques et les vélos à assistance électrique (VAE).