Contexte et problématique
L'agriculture joue un rôle important dans l'identité, l'économie et la vie sociale calédonienne. Elle contribue à maintenir la population en zone rurale et en contact avec la terre.
Même si l'agriculture et l'élevage néo-calédoniens sont d'histoire récente, ils n'en ont pas moins adopté le mode de production industriel. Or dans le monde, l'agriculture et l'élevage sont devenus en quelques décennies des secteurs aussi destructeurs du milieu que l'industrie par :
- L'utilisation massive des énergies non renouvelables et polluantes
- La dissémination dans le milieu naturel d'engrais, d'herbicides et de pesticides qui empoisonnent flore et faune, créent une résistance accrue des parasites et induisent des maladies humaines dont on commence à peine à évaluer l'importance
- La dégradation des terres arables
- La standardisation des productions qui a fait disparaître une multitude d'espèces sélectionnées depuis des millénaires
- L'exploitation destructrice des massifs forestiers naturels
IX.2. Propositions
Les propositions qui suivent visent à établir une politique agricole rentable et respectueuse de l'environnement.
IX.2.a. MESURES URGENTES et/ou APPLICABLES IMMEDIATEMENT
- Interdire les produits phytosanitaires inscrits au tableau A et suivre les recommandations du Bureau International du Travail (BIT).
- Identifier et neutraliser les stocks de produits phytosanitaires « orphelins ».
- Appliquer strictement le principe de précaution concernant les OGM et les produits phytosanitaires tant au niveau des importations agro-alimentaires que des cultures.
- Procéder à des contrôles en Australie dans l'attente de la création d'un laboratoire local de contrôle des résidus phytosanitaires présents dans les aliments et dans l'environnement (équivalent Bureau Veritas, qui pourrait être une extension du laboratoire territorial).
- Interdire toute exploitation de la forêt primaire pour le bois.
- L'exploitation du bois ne doit être permise que sur des arbres cultivés à cette fin.
- Mettre en place une quarantaine entomologique pour tester l'innocuité de la lutte biologique vis à vis de la biodiversité calédonienne.
- Mettre en place des formations à l'écobuage contrôlé et développer la collaboration entre agriculteurs et sapeurs pompiers.
- Eradiquer les Pinus en dehors des plantations faites dans un but de sylviculture de production.
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IX.2.b. AUTRES MESURES
- Promouvoir les techniques alternatives visant les normes de l'agriculture biologique par :
- des mesures fiscales incitatives
- la formation des agriculteurs (Certificat de Capacité)
- l'augmentation des moyens de contrôle, d'accompagnement et de suivi de ces pratiques sur le terrain. Dans ce but, créer une commission locale de «labellisation « avec moyens de contrôle (type Ecocert)
Plus généralement, mieux informer les consommateurs : transparence, traçabilité et étiquetage des produits agro-alimentaires.
Développer les méthodes de lutte biologique en remplacement des pesticides.
Former les agriculteurs à l'utilisation de produits dangereux (rendre obligatoire le Certificat de Capacité) et tenir la profession informée de la dangerosité des produits.
Instaurer des conditions de délivrance des produits phytosanitaires par ordonnances prescrites par des techniciens spécialisés.
Créer un Comité d'Ethique au sein de la Chambre d'Agriculture, intégrant des représentants de la société civile, chargé d'entamer une réflexion et de sensibiliser la profession sur les méthodes alternatives. Ce comité constituera un pouvoir de propositions et dans un deuxième temps de décisions dans le cadre du Programme d'Orientation Agricole.
Créer un Observatoire des pratiques agricoles afin d'évaluer leurs effets sur la santé et l'environnement.
Promouvoir la sylviculture : identifier les zones à planter (exclure les milieux naturels en équilibre : maquis minier, forêt humide), promouvoir les essences forestières calédoniennes (exemple : Santal, kaori). Eradiquer les Pinus en dehors des plantations faites dans un but de sylviculture de production.
Préserver la ressource en eau : réglementer le pompage des cours d'eau pour l'irrigation agricole et l'écobuage; accompagner le défrichement d'un contrôle par des spécialistes.
Contrôler les émissions de lisier dans l'environnement, notamment dans les îles « Loyauté ».