[caption id="" align="alignleft" width="240" caption="Ile des Pins, Piscine naturelle"][/caption]
Avant de goûter aux plaisirs des plages paradisiaques de l'Iles des Pins ou des Loyauté, le visiteur qui débarque à Tontouta découvre d'abord les sommets décapés des montagnes striées laissées par les exploitations minières.
L'exploitation du nickel a commencé en 1863, en Nouvelle Calédonie, quand Jules Garnier y a découvert ce minerai. Elle se fait à ciel ouvert et nécessite le décapage de grandes surfaces, ce qui a pour conséquences : la destruction du couvert végétal, une forte érosion, aggravée par une pluviométrie atteignant 3 mètres d'eau par an dans le Sud du Pays, et la pollution des creeks et du lagon.
Ces impacts pourraient être une banalité si la Nouvelle Calédonie n'était pas aussi l'une des régions les plus riches et originales de la planète, avec une flore dont le taux d'endémicité avoisine 80%, et un lagon aujourd'hui classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO.
L'exploitation minière a été soumise, jusqu'ici à une réglementation datant de 1954 et a échappé ainsi aux contraintes les plus élémentaires comme l'étude d'impact préalable et l'obligation de la remise en état des sites après exploitation. C'est ainsi que 20000 hectares de mines orphelines ont été recensés par le gouvernement dont la réhabilitation est évaluée à 160 milliards CFP (1,3 Milliards d'euros) (, à la charge des collectivités.
D'abord artisanale, l'exploitation du nickel, s'est rapidement mécanisée et érigée en une mono industrie, qui a éclipsé d'autres secteurs économiques comme l'agriculture ou le tourisme. Elle connaît des périodes de boom alternant avec des périodes de crise en fonction des cours mondiaux du nickel, ce qui rend l'économie de la Nouvelle Calédonie particulièrement vulnérable.
Elle a eu des retombées économiques en termes de salaires et de revenus fiscaux, mais force est de constater que les populations des centres miniers en ont peu profité. Il suffit pour s'en convaincre de se rendre à Thio, Kouaoua ou Poro qui ressemblent, après plusieurs dizaines d'années d'exploitation, à des régions sinistrées : le minerai riche a été exploité, les bénéfices ont été investis ailleurs, les dégâts environnementaux sont patents et pour les jeunes, aucune alternative économique viable n'est proposée.
L'usine de Doniambo traite aujourd'hui le minerai par un procédé pyro métallurgique qui exige une énorme quantité d'énergie, en grand partie d'origine thermique. L'épuisement des minerais à forte teneur va conduire les industriels à se tourner vers l' hydrométallurgie, qui traite des latérites à faible teneur, comme l'usine de Valé Inco dans le Sud. Celle-ci met en oeuvre un procédé chimique à base de lixiviation acide qui génère des quantités phénoménales de déchets, stockés en fond de vallée ou rejetés dans le lagon.
Le nickel n'étant pas une ressource renouvelable, le moment viendra où son exploitation arrivera à son terme. On s'apercevra peut-être alors, espérons qu'il ne sera pas trop tard, que la principale richesse du Pays n'était peut-être pas le nickel, mais sa biodiversité.
Le 24 avril 2009
Guy FOHRINGER