Objet : accord de Paris sur le climat
COP21 et après ?
Nous apprenons par la bouche de M. L. Fabius, ministre des Affaires étrangères français et président de la COP21 qu'un accord politiquement « historique, universel, ambitieux, dynamique et contraignant » a été conclu à Paris-Le Bourget par les pays participant*.
* La signature de l’ « Accord de Paris » ne devrait cependant intervenir que début 2016. Et il n’entrera pas en vigueur avant le 1er janvier 2020. A condition, stipule le texte, qu’au moins 55 % des parties (sur les 196 membres de la CCNUCC) représentant au moins 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l’aient approuvé. D’ici là, le protocole de Kyoto continuera de s’appliquer (ou pas !)...
Les environnementalistes qui attendaient de cette 21ième conférence des parties un accord universel (engageant les 196 pays) et différencié (notamment en fonction des responsabilités historiques), ambitieux (limitation du réchauffement à 1,5°C) et contraignant devraient donc se réjouir.
Pour autant, ils savent que les mots restent des mots.
Le caractère contraignant de l’accord est déjà discuté par d’éminents juristes (contrainte très légère de « déclaration », pas de sanction prévue en cas de non-respect…) et les engagements volontaires des états ne sont pas scientifiquement pertinents pour limiter le réchauffement à 1.5 °C**.
** Il faut absolument que ces engagements volontaires soient relevés avant la mise en œuvre de l'accord, en 2020. En entérinant des contributions nationales qui conduisent à un réchauffement supérieur à 3°C, la COP 21 se montre incapable de désamorcer la bombe climatique. Il va encore falloir attendre !
Tout reste à faire au niveau de chaque pays pour « mettre en musique » cet accord (en supposant qu’il soit préalablement bien ratifié et pas dénoncé…).
Au plan scientifique, il n'y a aucun doute sur ce qu’il est nécessaire de faire pour limiter le réchauffement à moins de 1.5 degrés: pic d'émissions de GES (= gaz à effet de serre) en 2020 au plus tard et décroissance drastique de ces émissions d'ici 2050 pour atteindre la « neutralité carbone » au-delà.
Cela suppose de programmer la fin des énergies fossiles et ne pas attendre 2020 pour le faire. Il y a donc le feu à la maison...
Or, la Nouvelle-Calédonie partage la dette écologique des pays pollueurs avec des émissions de CO2 per capita hors normes.
Nous demandons donc au gouvernement et au congrès de la Nouvelle-Calédonie de faire nôtres les prescriptions scientifiques climat en préparant et adoptant au plus tôt une « loi de transition énergétique »*** qui décline les mesures contraignantes à mettre en œuvre par tous les acteurs calédoniens (métallurgistes et miniers inclus) et le calendrier de réalisation, et ce, en dehors de toute considération politicienne. En effet, c'est de notre avenir à tous, de celui des PETI (petits Etats insulaires), notamment de ceux qui nous entourent dans le Grand Océan, qu'il est question.
*** nos propositions sont nombreuses et variées (fiscales notamment)…
Quels efforts la Nouvelle-Calédonie est-elle, ELLE, aujourd’hui prête à consentir ?
Rappelons son attitude indigne de 2004 lorsqu’elle a demandé à la France (et obtenu) d’être exclue du périmètre de Kyoto 1…
La volonté de bien faire sera-t-elle enfin au rendez-vous en 2016 ?
Son indécent égoïsme prendra-t-il fin ?
L’affligeant Schéma de transition énergétique de la NC présenté au Congrès, les déclarations d’élus locaux et nationaux, du représentant de l’Etat même****, nous font craindre le pire, nous qui tirons inlassablement la sonnette d’alarme et prêchons dans le désert…
**** propos relatifs au remplacement de la centrale B SLN par une centrale 100% charbon, à la recherche d’hydrocarbures dans la ZEE calédonienne, ou encore à l’éligibilité de la NC au Fond vert onusien…
Rappelons que notre objectif est une planète juste et vivable.
Pour y parvenir, Paris n’est pas la fin de l'histoire, seulement la conclusion d'un chapitre particulier.
A nous de relever nos manches !
Avec, comme toujours, l'espoir régulièrement douché que nous soyons à la hauteur des formidables enjeux annoncés…
Pour EPLP, la présidente,
Martine Cornaille