Cher tous,
A la demande de concitoyens, EPLP a rédigé ci-après un argumentaire destiné à étayer une opposition à une centrale 100% charbon à Doniambo.
Ce document n’est pas signé. Vous pouvez le modifier à votre guise et le faire vôtre en le signant pour remise au commissaire enquêteur.
Une réunion publique sur le projet aura lieu le Mardi 22 septembre à 18h à l'auditorium du Centre Administratif de la Province Sud (CAPS).
Merci de participer nombreux pour faire connaitre votre opposition à ce projet !
Salutations écologiques
Association Ensemble Pour La Planète (EPLP)
Aucune alternative au charbon n'a été étudiée sérieusement sauf la solution 100% gaz. C’est ce que nous écrit le président de la Province sud (courrier adressé à la CADA réf. 20153289 en date du 10 août 2015) : « les études de faisabilité [des solutions alternatives] n’existent pas ».
La SLN sert fort à propos aux personnes peu informées quelques contrevérités susceptibles de leur faire prendre des vessies pour des lanternes (ex. à propos du solaire thermodynamique, qualifiée par SLN de « technologie peu mature » : cf centrale Solar Energy Generating Systems, États-Unis, 354 MW ; puissance installée en thermodynamique solaire en 2012 dans le monde: 2.8 GW dont 1953 MW en Espagne et 750 MW en projet en Australie !). Et nous avons pris cet exemple du solaire thermodynamique sans exclure toutes les autres alternatives dont AUCUNE n’a été étudiée ! Il existe notamment des éoliennes de 5 MW chacune et les hydroliennes se développent…
Dans une île tropicale comme la nôtre, l’ensoleillement ne fait pas défaut, les vents sont réguliers, les marées se produisent toutes les 6 h 15 mn environ… et l’énergie peut être stockée sous forme gravitaire (pompage-turbinage), d’air comprimé, d’hydrogène, de chaleur (fluide caloproteur)…
Il n’est pas inutile de rappeler que nous avons formulé une demande très « soft » : une centrale mixte associant le charbon à une ou des sources renouvelables. Nous n’avons RIEN vu concernant la faisabilité de cette proposition.
Les emplois
La promotion massive des économies d'électricité et des énergies renouvelables (photovoltaïque intégré aux bâtiments, solaire thermique, biogaz agricole ou issu des déchets, petites centrales hydrauliques, hydroliennes, éolien terrestre et marin etc.) serait un formidable stimulant pour l'économie calédonienne en particulier pour l'emploi, au contraire du charbon exploité en Australie...
Le financement
Nous appuyons notre demande de n’accorder aucune aide financière publique à une installation 100% charbon sur des publications telle que celle du centre d’analyse stratégique français intitulée « Les aides publiques dommageables à la biodiversité » ou encore sur le rapport du Sénat intitulé « Les énergies renouvelables outre-mer 21 juillet 2011» qui conclut « Les énergies renouvelables en Outre-mer : laboratoire et vitrine nationale pour l’export et facteur d’aide au développement » et affiche l’objectif de l’autonomie énergétique pour l’outre-mer… Il faut faire faire vivre ces recommandations en Nouvelle-Calédonie...
Le groupe BPCE (2° groupe bancaire français) et ses émanations locales que sont la BCI et la BNC pourraient pâtir de leur engagement dans ce projet. En effet, les autres grandes banques françaises (Société générale, BNP Paribas et Crédit Lyonnais) se sont désinvesties du financement du charbon… Or la BCI est, en Nouvelle-Calédonie LA banque qui appartient aux Calédoniens à hauteur de 51%...
Les engagements
Le charbon n’est pas une énergie propre, loin de là. Ce combustible fossile est celui qui émet le plus de dioxyde de carbone par kilowattheure:
- charbon : 1 000 grammes de CO2
- pétrole : 600 g
- gaz naturel : 400 g
- hydraulique : 4 g
- moyenne énergies renouvelables : 30 g
C'est donc bien la pire énergie qui soit pour produire de l'électricité. Au lendemain de la publication du 5° rapport du GIEC, qualifié d’ « alarmiste » puisqu’une fois encore, c’est le scénario le plus défavorable qui s’est réalisé, ce choix fait grand désordre…
Investir dans le charbon est contraire aux objectifs du protocole de Kyoto et aux engagements maintes fois réaffirmés du Président Hollande de lutter contre le changement climatique notamment pour protéger les îles les plus basses de notre région du sud Pacifique qui veulent que le réchauffement soit plafonné à 1.5°C (on en est déjà à + 0.8° !).
En cautionnant ce choix du 100% charbon, l’Etat actionnaire ne respecte pas ses engagements nationaux (l’un de nos préférés : « faire de l’outre mers une vitrine des énergies renouvelables ») et internationaux en matière de lutte contre le changement climatique ainsi que de protection de la biodiversité, et ne se tient pas aux côtés des Calédoniens mobilisés pour la protection de leur environnement et de leur santé (près de 8 000 signatures de la pétition d’EPLP « Non au charbon, oui aux énergies renouvelables » soit l’équivalent de 2.2 millions de signatures dans l’hexagone !).
Rappelons encore que du 30 novembre au 11 décembre 2015, la France accueillera au Bourget le sommet sur le climat, où les 196 Etats de la planète se sont donné rendez-vous pour signer un accord qui les lient tous, vieux pays industrialisés responsables historiques du réchauffement, nouveaux pays émergents, grands pollueurs et états insulaires victimes. C’est un grand défi pour lequel notre pays se doit d’être exemplaire nous dit-on…
Le risque de réputation pour la Nouvelle-Calédonie et la France
La caution et le soutien financier de la Nouvelle-Calédonie et de la France nuiraient gravement à l’image de la France dans la zone Pacifique où les impacts des changements climatiques provoquent déjà des déplacements de populations. A + 4°C (voire plus ?), on n’ose imaginer ce que sera(it) la situation dans notre grand océan…
« On cherche seulement à ce que les petits États insulaires puissent survivre. On estime que notre sécurité est compromise, que la survie des peuples du Pacifique est compromise. » Enele Sopoaga, Premier ministre de Tuvalu demandant le 9 septembre 2015 au premier ministre australien la fin des investissements australiens dans le charbon...
Conclusion
Nous attendions une démonstration brillante, à tout le moins INDISCUTABLE, de ce que le choix du charbon était incontournable. Nous n’avons trouvé dans les documents mis à notre disposition que des contrevérités, assertions gratuites ou reposant sur des présupposés faux. Cela nous confirme dans l’inacceptabilité d’un tel équipement.
Nous réaffirmons qu’une augmentation de notre dépendance énergétique et un nouvel accroissement des rejets calédoniens de CO2 sont complètement DERAISONNABLES à tout point de vue.
A tout le moins, des aides financières publiques via diverses exonérations et la défiscalisation doivent être exclues pour un équipement 100% charbon (il est question de 50 milliards d’aides publiques diverses pour un investissement de 100 milliards !).
Près de 8 000 Calédoniens ont signé la pétition d’EPLP « Non au charbon, oui au climat » manifestant ainsi leur rejet massif du choix d’ERAMET-SLN.
Sur la forme, nous dénonçons fermement le fait qu’AUCUN DEBAT PUBLIC n’ait été organisé PREALABLEMENT au choix du projet mis en enquête publique, projet qui est, de ce fait, LE CHOIX DU SEUL PETITIONNAIRE alors que l’air que nous respirons, le climat et la biodiversité sont à NOUS TOUS et que la Constitution fait de la protection de l’environnement une obligation de chacun...
D’autre part, la désignation des commissaires enquêteurs par le président de province est un abus de pouvoir. En effet, le code de l’environnement dispose que l’arrêté d’ouverture d’enquête publique « précise » le nom du commissaire enquêteur or « précise » n’est pas « désigne ». Nous attendons une procédure de désignation détaillée qui ne laisse la place à aucun arbitraire.
Tous les clignotants sont au rouge vif: envolée des prix de matières premières alimentaires / baisse des productions / inondations, sécheresse… et crises sociales liées, déclin accéléré de la biodiversité hypothéquant la fourniture de services écosystémiques essentiels à la survie humaine, contamination des chaînes alimentaires par les polluants -dont ceux relargués par la combustion des combustibles fossiles-, acidification des océans, élévation du niveau de la mer, migrations humaines, mortelles canicules…
Les effets du changement climatique seront dévastateurs pour TOUS.
Le changement climatique est beaucoup plus qu'un simple problème technique, financier ou politique, c'est un problème moral vis-à-vis des petits états du Pacifique notamment et des générations futures. Notre génération a un rendez-vous avec l'histoire. C'est à nous tous d'être à la hauteur de ce rendez-vous en refusant le charbon exclusif.
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Le contexte Le climato scepticisme, c’est fini. Plus personne ne met en doute la réalité du rapide changement climatique en cours ni son origine anthropique. Tous les gouvernements l'ont désormais reconnu : pour empêcher la déstabilisation définitive du climat, les émissions de gaz à effet de serre doivent baisser maintenant. Parmi les mesures décisives à prendre dans ce but, le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC, Prix Nobel de la paix en 2007 conjointement avec Al Gore.) préconise sans relâche l'abandon du charbon (Source : Quatrième rapport du GIEC, Résumé à l'intention des décideurs, 2007). Chaque centrale à charbon est une arme de destruction du climat et une arme qui affame. Dépendance énergétique de la Nouvelle-Calédonie La Nouvelle-Calédonie est dépendante de l’extérieur pour son approvisionnement en énergie à plus de 98 % pour un coût de plus de 60 milliards CFP / an (et combien d’emplois perdus ?). Il nous semble très déraisonnable d’augmenter ENCORE cette dépendance (elle passera à plus de 99%), tant du point de vue financier que du point de vue de la sécurité de sa population. Emissions calédoniennes de gaz à effet de serre (GES), CO2 notamment Avec ce projet, niveau record avec 36.8 T CO2 / an / habitant. Nous serons sur le podium mondial des plus gros émetteurs ! La fourbe SLN avance « -13% à puissance égale » mais la puissance ne sera pas égale, elle passera de 160 à 180 MW et les rejets de CO2 augmenteront (Cf. p. 91/206 de l’étude d’impact : la date de 2031 est précisée et la mention « au démarrage du projet » figure aussi). Sur cette même page, apparaissent d’ailleurs deux chiffres contradictoires : 1 million et 1.1 million de T « au démarrage du projet » et « jusqu’en 2031 ».... Dur dur de retrouver ses petits dans ce galimatias ! Et pour ne rien arranger, nous observons aussi que la SLN ne parle pas toujours français ex. «Total moisture (as received basis) : 12 % ; Ash (as received basis) : 10,5 % ; Net calorific value (as received basis) : 6 000 kcal/kg ; Carbon (dry ash free basis) : 82,8 % », ce qui n’est pas de nature à favoriser la bonne information de tous les Calédoniens… Elle mélange aussi allègrement les kWh thermique et électrique… Quel méli-mélo ! Mais il faut se donner les moyens de ses ambitions et là, l’ambition SLN c’est de « perdre » le lecteur ! Les émissions de CO2 seront comprises entre 1.2 et 1.4 million de tonnes annuelles soit le tiers des émissions calédoniennes ! La qualification de l’impact du projet « légèrement positif » est donc MENSONGERE (cf page 36/206 de l’étude d’impact). Autres émissions polluantes Réduire ce n’est pas éliminer… Nous aurons toujours au menu quelques tonnes annuelles de SO2 et de NOx, des HAP, de poussières, des métaux (dont mercure, plomb, arsenic…) contaminants de l’air, des sols, de l’eau, des chaînes alimentaires et de nos organismes etc. Avec toutes les conséquences sanitaires et environnementales que l’on connaît ! La SLN prend comme « référence » le niveau actuel d’émissions de polluants. De quel droit ? Parce que la situation actuelle est catastrophique, on comprend que cela lui permet de communiquer positivement sur les « améliorations » mais la référence devrait être le zéro émission, pas la catastrophe actuelle. Pollution thermique : s’agissant des rejets d’eaux chaude (température + 7°C / température de pompage) dans le lagon, leur volume considérable fait craindre des impacts, notamment sur ce qui reste de coraux (préférendum thermique très strict). Nous nous inquiétons aussi des biocides qui seront contenus dans ces rejets… NOTRE DROIT CONSTITUTIONNEL à nous, c’est de disposer d’un environnement SAIN. Nous notons que s’agissant du respect des normes européennes en matière d’émissions atmosphériques, elles sont MOINS DISANTES que les normes étatsuniennes ou japonaises par exemples, elles ne fournissent donc pas un niveau de protection sanitaire et environnemental optimal. En effet, il a bien fallu que l’UE tienne compte des centrales d’Europe de l’est, polonaises notamment, vieilles de plus de 30 ans… L’exploitation du charbon et son transport sont aussi à l’origine d’importantes émissions de GES. Le méthane issu de l’exploitation a notamment un « pouvoir réchauffant global » 21 fois supérieur à celui du CO2. Or l’atmosphère est UNE et le climat est UN. Compensations incertaines voire irréalistes et dont les coûts (énergétique, environnemental, sanitaire et économique) ne sont pas évalués… Les « solutions » de valorisation des cendres sont encore très hypothétiques et ne concerneraient au mieux, qu’une fraction de la production (10 à 20%). Que deviendra le reste voire la totalité du « gisement » de 70 000T annuelles ? Silence… On observe que le stockage des cendres sur site ne fait pas l’objet de précisions utiles à la bonne information du public: lieu, volume, durée de vie, procédé limitant l’envol (NB : l’arrosage interdit toute valorisation ultérieure…), coût, bilan carbone si transport ? Les diverses compensations ne sont pas chiffrées ni leur faisabilité sur 40 ou 50 ans évaluées (la création de puits de carbone par plantation amènerait à couvrir la NC d’arbres ce qui n’est, bien sûr, pas envisageable !). Il est fait une quasi-impasse sur la fiscalité écologique (du type taxe carbone, taxe sur les pollutions diffuses, contribution CAFAT / conséquences sanitaires de la pollution atmosphérique, taxe sur les combustibles fossiles etc. que la Nouvelle-Calédonie mettra en place tôt ou tard). Ce sont là autant de points susceptibles de renchérir considérablement le coût de revient du kWh charbon. Au contraire de la SLN, nous nous inquiétons dès maintenant des coûts de mise en œuvre (la littérature indique un doublement du prix du kWh), coûts énergétique, environnemental et sanitaire de la capture et du stockage du CO2. En effet le gaz CO2, après sa séparation dans les fumées, doit être injecté dans le sous-sol, sous pression et avec des substances chimiques très toxiques (les mêmes qui ont abouti à la confirmation par le Conseil d’Etat de l’interdiction de la fracturation hydraulique pour les gaz de schistes). De surcroît, la possibilité ultérieure de capture-stockage du CO2 n’est pas intégrée au projet (emprise au sol etc.) ce qui, de facto, l’empêchera à terme… Nous lisons encore dans les documents disponibles à l’enquête publique que le sol destiné à recevoir la centrale est contaminé par des polluants organiques. Nous souhaitons en savoir plus (nature exacte et quantité du/des polluants, décontamination possible ou pas ?) et disons qu’il est absolument nécessaire de lever cette hypothèque AVANT d’envisager d’aller plus loin... Les « justifications » On voit clairement le parti pris : faire le moins cher possible. Choix industriel égoïste et de courte vue ! En effet, l’analyse économique porte uniquement sur les coûts pour la SLN et ne tient pas compte des externalités négatives qui resteront à la SEULE charge de la société civile via ses cotisations maladie (ex. augmentation morbidité et mortalité par canicule), ses primes d’assurance (ex. dégâts sur les biens et les personnes par événements météorologiques extrêmes) et ses impôts (ex. reconstruction d’infrastructures détruites…). Or la société civile sera aussi mise à contribution à hauteur de 50% de l’investissement (pour 0% de propriété !) via exonérations douanières et crédit d’impôt… Autre élément déterminant de ce choix d’un autre temps : l’urgence ; or l’absence d’anticipation de la SLN est responsable de cette situation (la SLN a obtenu en 2008 une autorisation d’exploitation pour une centrale à charbon qu’elle n’a pas construite pour cause de « crise » nous dit-elle mais elle distribuait 100 milliards de dividendes –dont 2/3 hors territoire- deux ans après !). Et après 8 ans de tergiversations, on peut se donner un an de plus pour peaufiner un projet d’équipement dont la durée de vie sera de 40 ans… Le rendement de la centrale C telle que prévue ne sera que de 37% ce qui est très en deçà des 45% des MTD (meilleures technologies disponibles). Les alternatives« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas,
mais c’est parce que nous n’osons pas que les choses sont difficiles ». Sénèque