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COMMUNIQUE DE PRESSE DU 18 JUIN 2015

Objet : plan de contrôle des denrées animales DAVAR 2014

 

FAIRE POUR FAIRE, CE N’EST PAS BIEN FAIRE…

Le 20 mai 2015, la DAVAR restituait les résultats des plans de surveillance et de contrôle des denrées d’origine végétale et animale.

Deux présentations très « lisses » nous ont été faites concernant d’une part les résidus de pesticides dans les végétaux et d’autre part les résidus de divers toxiques dans les denrées animales.

Nous avons choisi de ne pas nous fier au discours officiel sans vérification. Nous nous sommes donc procuré les documents sources (environ 500 pages…), en l’occurrence les résultats bruts anonymisés des analyses afin de les « faire parler » nous aussi.

En premier lieu, nous observons avec contentement que certaines de nos demandes, par exemple le suivi des produits surgelés et des denrées fraîches d’importation (viande bovine en 2014, poulets en 2015) ainsi que l’exigence de certificat zoosanitaire « hormone free » de la part des fournisseurs ont été prises en compte.

Nous en déduisons que ces demandes étaient bel et bien fondées et que nous clouer au pilori lorsque nous les énoncions n’avait pas lieu d’être. Mais passons…

Nous examinerons les résultats des plans par denrée en relevant les points significatifs.

  • POISSONS 

On relève d’emblée que seul le thon blanc destiné à l’export a été contrôlé et ce, alors même que la DAVAR sait depuis 2005 au moins, que les grands pélagiques (marlins, espadon, thon bachi, thon jaune, mahi-mahi…) sont à très grand risque en matière de contamination mercurielle.

Mercure: 8 échantillons. Il est vrai que dans le cas contraire, tout un chacun aurait pu constater que la délibération 156 exhumée récemment (suite à un recours contentieux d’EPLP) qui prévoit l’interdiction de commercialisation des poissons contaminés au-delà du seuil de 1 mg de mercure / kg de chair n’était pas appliquée. Et il aurait été difficile de se dédouaner d’un tel laxisme…

Donc pour la DAVAR, seul le thon d’export vaut la peine d’être « suivi » et ce, afin de se conformer à la réglementation de l’Union européenne visant à la protection de la santé des consommateurs européens.

Quant aux Calédoniens qui sont pourtant de grands consommateurs de produits de la mer, ils « ne valent pas » que les poissons de leurs étals soient contrôlés…

Le satisfecit affiché pour cette filière ne correspond donc pas à la dure réalité puisqu’en Nouvelle-Calédonie, avec la caution de la DAVAR (et de la DASS), « on » propose à la vente des poissons déclarés impropres à la consommation en UE.

Cela nous fait dire que ce plan de contrôle comme ceux d’autres filières* n’est pas sincère mais seulement destiné à rassurer à tout prix.

Cadmium : 8 ; plomb : 8 ; HAP : 2 ; dioxines, PCB : 2 ; histamine : 8 échantillons

Pourquoi 2 ou 8 et pas 10 ou 100 ?! Mystère…

S’agissant d’histamine, listeria, salmonelle,… nous relevons l'absence de plan de surveillance DAVAR du circuit de distribution pourtant à haut risque...

 

  • CREVETTES (production de 1 200 T environ)

Cadmium et plomb: 4 échantillons ; mercure : 4 ; nitrofuran : 1 ; triphénylméthane : 1 ; PCB : 1 ; nitroimidazole (antiparasitaire): 1 ; sulfamides : 2 ; avermectine… (antihelmintiques, insecticides): 2 ; antibiotiques : 5 ; sulfites : 25, tous positifs = contenant des résidus de cette substance fortement allergisante –conséquences : asthme, choc anaphylactique…- mais sans dépassement de Limite Maximale de Résidu ou LMR.

Ethoxyquine : 15 échantillons dont 2 positifs avec dépassement de LMR. Ce pesticide est interdit en Union européenne et en Australie. Il est ici incorporé à l’aliment des crevettes dont la chair est contaminée 2 fois au-delà de la norme sanitaire…

NB : c’est cette substance qui est « incriminée » dans les élevages intensifs de saumons norvégiens.

Là encore, on se demande pourquoi de 1 à 25 échantillons sont analysés pour une même denrée

Prescriptions UE : 1 prélèvement / 100 T. On attend donc 12 prélèvements au moins...

La DAVAR a, là encore, « tout faux » !

 

  • MIEL (104 T commercialisés)

Métaux lourds : 3 échantillons ; sulfamides : 3 échantillons ; antibiotiques : 2 échantillons.

Pesticides : 3 échantillons dont 1 positif (molécule perturbateur endocrinien toxique pour la thyroïde notamment).

Prescriptions UE : « 10 prélèvements par 300 T pour 3 000 premières T ». La DAVAR est là « un peu juste »…

  • ŒUFS (production de plus de 3.3 millions de douzaines + 485 000 dz d’importation)

PCB : 1 échantillon (de 12 œufs !) ; métaux lourds, sulfamides, antibiotiques : 2

Alors là, on est confondu…

1 ou 2 douzaines d’œufs contrôlées pour plus de 3.3 millions de douzaines produites annuellement en NC ????!!!! Soit 12 ou 24 œufs sur 40 millions ???? Hallucinant ! Calédoniens, la DAVAR se moque de vous !

L’UE prescrit un prélèvement par 1 000 tonnes de la production annuelle destinée à la consommation humaine, avec un minimum de 200 échantillons.

Pour la NC, il vient 200 douzaines analysées (si masse moyenne 63 g /œuf, alors 208 T en production locale).

Nous observons à notre grand regret que sur ces pôôôôvres échantillons, la DAVAR n’a pas jugé utile de rechercher les résidus de Larvadex (substance active cyromazine), insecticide donné à manger aux pondeuses afin d’éviter la prolifération des mouches dans les fientes. Le Larvadex consommé par les animaux d’élevage passe dans les chairs et les œufs ; il peut se retrouver dans ces derniers à des concentrations préoccupantes. Et le larvadex est INTERDIT en UE notamment parce que toxique pour la reproduction humaine…

La DAVAR a-t-elle l’indignation sélective ?

Nous demandons que ce produit soit interdit au plus tôt à cet usage en Nouvelle-Calédonie et que ses résidus soient contrôlés efficacement.

De plus, quid du contrôle des œufs d’importation ? Absent…

D’autre part, ces oeufs d’importation sont-ils étiquetés comme tels pour le consommateur ?

 

  • VOLAILLES (400 000 poulets abattus annuellement soit 10 300 T + 9 520 T d’import sans aucun contrôle)

Antimicrobiens: 2 échantillons ; sulfamides : 2 ; phénicols (antibiotiques): 2 ; nitrofuran (antibiotique): 2 ; nitroimidazole (antibactérien): 2 ; coccidiostats (antiprotozoaires): 4 ; antihelmintiques : 4 ; métaux lourds : 1 ; PCB : 1

A quoi sert l’analyse d’ 1 , 2 ou 4 échantillons ?

Nous n’avons pas eu le même professeur de mathématiques que les vétérinaires de la DAVAR…

Prescription UE : un prélèvement par 200 tonnes de la production annuelle soit 52 prélèvements pour la production calédonienne (et 48 pour l’import).

On note que les résidus d’hormones ne sont pas recherchés.

On relève encore que près de 10 000 Tonnes de volailles importées (des USA où l’utilisation d’hormones est courante…) ont échappé à tout contrôle jusqu’à présent (à la demande d’EPLP, cela sera pris en compte en 2015. Il était temps…).

On note que cailles, canards, lapins, pigeons (pour un effectif total d’environ 48 000 bêtes –incertitude sur production lapins et import Chine ?-) ne sont pas inclus dans les contrôles…

  • CERFS SAUVAGES (100 000 bêtes abattues en 2013 source PSud)

Pesticides multirésidus : 12 échantillons ; PCB : 7 échantillons.

Cadmium : 84 échantillons dont 13 positifs au-delà de la limite de quantification.

Plomb : 84 échantillons dont 14 positifs au-delà de la limite de quantification soit 16.7 %. La DAVAR estime que la contamination est due aux plombs de chasse. Nous exprimons notre scepticisme face à cette « explication » et dénonçons le laxisme du service…

7 à 84 échantillons pour 100 000 cerfs sauvages abattus ?

L’UE prescrit  au moins 100 échantillons pour gibier sauvage ou d’élevage.

Le compte est très loin d’être bon…

  • CERFS D’ELEVAGE (8 000 bêtes abattues par l’OCEF en 2013)

Nitrofuran : 2 ; nitroimidazole : 3 ; coccidiostats : 3 ; antihelmintiques : 3 ; phénicols : 5 ; PCB : 4 échantillons ; NSAIDS : 2 ; ivermectine… : 16 ; cadmium : 15 dont 2 au-delà de la limite de quantification ; plomb : 15 ; substances à activité antibactérienne : 24 échantillons ;

PCB : 9 échantillons ; pesticides organochlorés et organophosphorés: 3.

Pesticides multirésidus : 6 dont 3 avec des résidus au-delà des LMR (2 fluvalinate et DDE-4.4 + BHC-beta). Un échantillon sur deux contaminés au-delà des seuils sanitaires, cela fait beaucoup…

Béta agonistes : 2 x 2 échantillons (foie et urine) ; stéroïdes : 2.

Nous notons que les résidus d’hormones n’ont été recherchées QUE dans DEUX échantillons…. ????

2 à 15 échantillons pour 8 000 cerfs d’élevage, est-ce le bon ratio ????

L’UE prescrivant  au moins 100 échantillons pour gibier sauvage ou d’élevage, le compte est très loin d’être bon…

  • PORCS (production 2013 : 46 000 bêtes soit 2 700 T + 720 T import sans contrôle)

Substances à activité antimicrobienne : 8 échantillons ; phénicols : 2 ; nitrofuran : 1 ; nitroimidazoles : 1 ; coccidiostats : 2 ; PCB : 2 ; pesticides : 2 dont 1 avec deux résidus de pipéronyl butoxide (0.016 mg / kg) et deltaméthrine (0.024 mg / kg) ; ivermectine… : 2 ; sulfamides : 4 ; cadmium : 2 dont 1 positif ; plomb : 2 ; dioxines-PCB : 2 ; NSAIDs : 2

La plupart du temps, seulement 1 à 2 échantillons pour 46 000 bêtes abattues ?

Prescription UE : contrôle de 0.05% des animaux soit de 230 porcs pour la production locale. On n’est pas sur la même longueur d’onde !

Et pour l’import ? Rien…

Pas de recherche d’anabolisants (chez tous les porcs), d’antibiotiques et autres substances médicamenteuses, etc. chez les animaux de réforme qui sont pourtant destinés à la transformation charcutière ? Aurait-on quelque chose à craindre en les recherchant ?

  • BOVINS (17 100 bêtes abattues = 3 298 T et  2 052 T import non contrôlées)

Substances à activité antibactérienne : 6 échantillons ; avermectine… : 4 échantillons ; sulfamides : 4 ; fluazuron : 4 ; cadmium : 2 échantillons dont 2 positifs ; plomb : 2 ; PCB : 1 ; antihelmintiques : 2 ; coccidiostats : 1 ; thyréostats : 4 ; pesticides : 1 ; NSAIDs : 2 ; béta agonistes : 4 ; phénicols : 2

Plan sur viande bovine import de novembre 2014 (suite à la demande d’EPLP): 20 échantillons.

Les services DAVAR ayant obtenu de leurs homologues australiens la fourniture de certificat « hormone free » en amont de ce plan coûteux, nous redisons qu’il était COMPLETEMENT INUTILE dans le contexte d’alors.

De surcroît, nous mettons en doute la bonne réalisation technique de ce plan ; nous sommes conscients de la gravité de cette accusation mais nous savons sans doute possible que la masse de nombreux échantillons n’était pas suffisante pour effectuer la totalité des contrôles attendus. Dans ces conditions nous nous interrogeons sur la restitution « miraculeuse » qui en est faite...

Il apparaît encore que deux résultats de prélèvements sur bovins locaux (2 sur 18) ne nous ont pas été communiqués (ils sont identifiés par BV/T/14/A1-A3-A4/3-1 et idem …3-2). Pourquoi cette « omission » ? Qui protège t-on ?

De plus, au vu des nombreux positifs en testostérone (12 sur 15 !!!!), nous aimerions connaître le sexe et l’état physiologique des animaux testés (non précisés dans les pièces transmises).

Enfin, des résultats préoccupants (sur BV/A/14//A1-A3-A4/8/15 et BV/14//A1 A3 A4/3/4) n’ont pas fait l’objet d’investigations complémentaires (l’un présente un taux de 730 µg d’oestradiol/l et de 190 µg/l de testostérone). Là encore, pourquoi cette légèreté ?

1 à 6 échantillons (sauf plan « exceptionnel » sur VB locale et import) pour 17 100 bêtes abattues ????

Prescriptions UE : 0.4 % des bovins abattus (avec prescriptions complémentaires pour la recherche des substances A interdites) soit 68 bêtes contrôlées.

On est très, très loin du compte…

Les animaux de concours (en vif et en carcasse) font-ils l’objet d’un plan de contrôle renforcé ? Ne sont-ils pas « poussés » à l’extrême ce qui justifie d’une vigilance particulière ?

Nous aimerions aussi savoir comment sont gérés les conflits d’intérêt de certains vérificateurs qui sont aussi éleveurs de bovins…

Conclusion

De façon générale, on cherche à comprendre comment la DAVAR construit ses plans d’échantillonnage*… Nous insistons sur la nécessité pour elle de se conformer aux règles de la statistique et à la réglementation (européenne ** et/ou délib. 155 et 156).

Entendre une représentante du SIVAP énoncer doctement et publiquement que « les mauvais résultats sur melons ne sont pas représentatifs parce qu’il n’y a eu que 5 prélèvements » nous conforte mais est affligeant.

En effet, pourquoi les « bons » résultats obtenus dans les mêmes conditions seraient-ils, eux, significatifs ?

En voulant dédouaner à tout prix les producteurs, elle a fait elle-même la démonstration de ce que la plupart des contrôles menés « ne tiennent pas la route ».

On aimerait aussi comprendre pourquoi les recherches DAVAR sont « sélectives », tant en substances (cf Larvadex, stéroïdes…) qu’en espèces (cf « volailles » + équins, caprins et ovins non contrôlés –NB : 487 T de viande d’agneau sont importées chaque année-) ?

Dans les pièces qui nous ont été adressées, on déplore très vivement des omissions préjudiciables à l’instauration d’un climat de confiance pourtant absolument nécessaire entre la population et l’administration théoriquement à son service...

Enfin, nous sommes consternés parce que nous pensons (preuve écrite à l’appui) que des résultats pourtant obtenus au prix fort, n’ont pas la « puissance scientifique » nécessaire puisque la DAVAR et le LNC (Laboratoire de la NNC) ne sont pas capables d’expédier des échantillons dont le poids permet le respect des protocoles. On aura tout vu en matière de laxisme et d’incompétence !

Au final, l’image de la qualité de nos denrées alimentaires donnée par ces plans de contrôle et de surveillance ne peut pas être prise en compte.

Nous disons que :

« Faire pour faire » ne sert à rien sauf à gaspiller de l’argent public qui se fait rare...

Merci d’épargner nos deniers et notre santé en construisant à l’avenir des plans significatifs ** et en exerçant vos missions de surveillance et de contrôle avec rigueur et vigilance. Nous le valons bien !

Pour EPLP, la Présidente,

Martine Cornaille

*   Cela vaut malheureusement aussi pour les fruits et légumes…

** Nous proposons un plan de contrôle en deux parties :

  • un pool de denrées faisant l’objet annuellement de contrôles systématiques : celles faisant l’objet des plus grosses productions et importations
  • un contrôle aléatoire plus ou moins « tournant » (et tenu secret autant que faire se peut) sur les productions ou importations de faible volume.

NB :

  • dans sa présentation globale du mercredi 20 mai 2015, la DAVAR se targue de
  • subir des audits OAV réguliers. Nous faisons savoir que nous ignorons dans quel sens ils concluent. Il est donc malvenu de s’en prévaloir…
  • rechercher une longue liste d’anabolisants. Nous n’avons trouvé que très peu de traces de ces recherches relatives à des substances TOTALEMENT INTERDITES mais prisées de certains éleveurs sans scrupules…
  • de 16 prélèvements annoncés sur thon pour recherche de mercure, nous ne trouvons la trace que de 8 ?
  • expliquer la contamination des cerfs par le plomb via la chasse. Nous aimerions des compléments car notre scepticisme est total…
  • faire évoluer ses PSC en 2015. Les évolutions programmées ne sont pas toujours celles attendues par EPLP…
  • les contrôles devraient s’étendre aux aliments pour animaux. Nous pensons notamment à la recherche de résidus OGM et de contaminants chimiques ou environnementaux.

NB : nous remercions vivement le Dr C. Kojfer pour ses contributions.