Nous avons participé à l’enquête publique ouverte par le gouvernement concernant un projet d’usine hydraulique à Pouébo (1).
Nous vous demandons d’appuyer notre opposition en reprenant à votre compte nos principaux griefs ci-dessous et en faisant valoir tous autres (2 et 3).
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Étude des variantes ?
Mais pas pour le site ! C’est pourtant là essentiel…
Le pétitionnaire a jeté son dévolu sur un site naturel encore préservé (une forêt dense humide) et qui pour nous DOIT le rester.
La Nouvelle Calédonie a perdu 70 % de ses forêts denses humides.
Or les écosystèmes forestiers néocalédoniens présentent une biodiversité remarquable avec un très fort taux d’endémisme, le plus fort connu au monde…
Les botanistes nous disent que chaque parcelle de forêt calédonienne est irremplaçable en raison de la microendémicité.
Les atteintes DELIBEREES à ces écosystèmes sont devenues INTOLERABLES. Les menaces pour lesquelles nous sommes impuissants suffisent largement à leur mise en danger sans, en plus, autoriser de destruction volontaire.
Il ne peut désormais être question de continuer le « grand sacrifice » au prétexte de réduire la dépendance aux énergies fossiles. La biodiversité ne peut pas faire les frais de la conversion énergétique… D’autres lieux, d’autres technologies sont disponibles.
NB: s’agissant des autres sites présentant un « potentiel de production suffisant », ENERCAL argue du secret industriel pour ne pas les divulguer. Cela nous interdit de fait de savoir s’il existe une alternative moins destructrice. Heureux hasard non ????
Nous attendons donc du pétitionnaire qu’il nous prouve que non, il n’y a pas d’alternative… Jusque-là, nous déclarons notre totale opposition à ce projet DANS CE SITE.
La Nouvelle-Calédonie ne manque pas de zones dégradées par les feux, les mines, les espèces envahissantes… Faute de pouvoir les remettre en état (coût et temps de récupération très long…), il convient de les exploiter prioritairement, notamment pour la production d’énergie.
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Ouverture d’une piste
L’ouverture d’une piste conduit inévitablement à des « effets collatéraux » liés à la fréquentation accrue: dérangement de la faune, prélèvements plus nombreux- de faune sauvage notamment : nautous, pigeons verts, roussettes…- introduction d’espèces exotiques envahissantes favorisée, mises à feu…
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Mesures compensatoires
Les mesures compensatoires proposées par le pétitionnaire sont indigentes. Et toutes n’en sont pas, par exemple la végétalisation du talus de la piste relève des bonnes pratiques de travaux publics destinées à éviter l’érosion, pas de la compensation.
Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie doit être très ambitieux en la matière. En effet, afin d’atteindre un objectif élevé de préservation, il convient de prescrire une compensation très coûteuse, seul mécanisme à même de permettre la mise en œuvre REELLE et MAXIMALE de l’évitement et de la réduction.
A défaut, la démarche de la « compensation » revient à attribuer un permis de détruire…
Le coût global des mesures compensatoires proposées s’élève à 16 millions de FCFP. Pour un investissement de 1.6 milliard FCFP portant atteinte à des écosystèmes de premier ordre (4).
Le ratio est indécent ! Comment un acteur qui se dit « responsable » peut-il proposer pareille escroquerie intellectuelle ?
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Débit réservé
Le pétitionnaire devra respecter un débit minimal dit « débit réservé » fixé à 50 % de la valeur du débit d’étiage. Nous relevons que cette valeur a été fixée sans étude scientifique préalable, « au pif ». Cela n’est pas acceptable.
En effet, cette prescription n’est à l’évidence pas propice au maintien des organismes de toutes espèces présentes dans le cours d’eau.
Afin de mieux respecter les cycles naturels, nous préconisons l’adoption d’un RÉGIME réservé qui, en reproduisant mieux les conditions naturelles (de température, d’oxygénation…) permet à un maximum d’espèces de survivre.
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Le contexte fiscal
Il n’est pas optimal… S’agissant de produire à titre privé de l’énergie avec de l’eau, BIEN COMMUN, nous demandons que soit instaurée préalablement à toute autorisation une redevance sur tous les usages de l’eau (par les entreprises et particuliers -forages, captages, production électrique…-). Le privilège consenti doit avoir une contrepartie financière pour la société civile (de surcroît à la recherche de fonds pour la santé, l’éducation, la culture, l’environnement…).
Conclusion:
Ce premier projet est, nous dit ENERCAL, un projet de démonstration « pour convaincre ». Il a vocation à être répliqué.
Nous en déduisons que les conditions de sa réalisation doivent être exemplaires. En l’espèce, ce n’est pas le cas…
Nous demandons donc au commissaire enquêteur de donner un avis défavorable à ce projet éminemment nuisible (directement et indirectement) à la biodiversité calédonienne internationalement reconnue comme EXCEPTIONNELLE.
Pour EPLP, la Présidente, Martine Cornaille
(1) 546 pages d’informations, plus ou moins utiles et sincères, rien que pour l’étude d’impact… Il s’agit de « noyer le poisson » et nous condamnons vivement la malhonnêteté du procédé. Documents consultables sur ce lien
(2) EPLP se bat pour l’amélioration de la gouvernance : parité, transparence, participation des citoyens… Mais EUX AUSSI doivent prendre leurs responsabilités !
« La démocratie ne consiste pas à mettre épisodiquement un bulletin dans une urne, à déléguer les pouvoirs à un ou plusieurs élus puis à se désintéresser, s’abstenir, se taire pendant cinq ans.
Elle est action continuelle du citoyen non seulement sur les affaires de l’État, mais sur celles de la région, de la commune, de la coopérative, de l’association, de la profession. Si cette présence vigilante ne se fait pas sentir, les gouvernements (quels que soient les principes dont ils se recommandent), les corps organisés, les fonctionnaires, les élus, en butte aux pressions de toute sorte de groupes, sont abandonnés à leur propre faiblesse et cèdent bientôt, soit aux tentations de l’arbitraire, soit à la routine et aux droits acquis… La démocratie n’est efficace que si elle existe partout et en tout temps. » (Pierre Mendès-France)
(3) Courrier à adresser à attention Mme Marion RAJON à davar.sde-consultation(@)@gouv.nc
Si vous voulez obtenir le présent document en .doc, demandez-le à secretariatproeplp(@)gmail.com
(4) Cf les mentions de « sensibilité forte » pour la forêt humide, les macro invertébrés, la faune piscicole et carcinologique (avec 4 espèces protégées en province nord).
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