Par un rapport du Sénat français du 12 mai 2016 (dévoilé en primeur sur la page FB d’EPLP le 24 juillet 2016 grâce à la veille vigilante d’un support de notre association), les Calédoniens avaient la confirmation que des viandes hormonées avaient été régulièrement importées en Nouvelle-Calédonie et apprenaient que du maïs VTH (VTH pour « variété tolérante aux herbicides ») avait été mis en culture dans le pays.
Dans le même rapport, le gouvernement de NC faisait pourtant savoir que les OGM n’étaient pas un problème en NC puisque personne n’en voulait (cf extraits rapport Sénat ci-dessous*).
Alors, OGM ou pas OGM ces maïs VTH ?
Les variétés de maïs VTH sont obtenues par mutagenèse aléatoire. Ce sont des organismes dont le patrimoine génétique est modifié artificiellement par l’action de produits chimiques ou d’agents physiques lesquels provoquent des mutations de l’ADN.
Ces organismes répondent donc à la définition scientifique des OGM.
Ils ne sont pour autant pas concernés par la réglementation OGM européenne qui n’encadre pour l’heure que les OGM obtenus par transgénèse, c’est à dire par insertion d’un gène étranger dans l’ADN de l’organisme à modifier. Ces OGM ne sont pas repérables à l’analyse : c’est la raison pour laquelle on les qualifie de cryptOGM ou OGM cachés.
Pour mieux tromper le chaland, ils sont même qualifiés de « new breeding techniques traduit en français par nouvelles techniques de sélection. Ce terme ne fait toutefois l’objet d’aucune définition officielle à ce stade, et recouvre en partie des domaines comme l’édition de gènes ou la biologie synthétique, qui ne sont pas davantage définis.
Le haut conseil des biotechnologies (HCB) a été saisi…
Au niveau européen, cette question est abordée sous un angle très juridique par la Commission européenne, à ce jour sans consultation des États membres. La ministre française chargée de l’environnement veillera à ce que les dispositions prises pour encadrer ces nouvelles techniques de modification du génome ne constituent pas un moyen de contourner les règles concernant les organismes génétiquement modifiés» (**).
La messe est donc dite : la mutagenèse conduit bien à des organismes génétiquement modifiés… (***)
L’embryon de réglementation néo-calédonienne édicté en février 2014 ne fait évidemment pas non plus des VTH des OGM. C’est ce qui permet à M. Metzdorf de déclarer autoritairement qu’il n’y a pas d’OGM en NC puisque le maïs IT 606 mis en culture n’est pas reconnu comme tel par la délibération calédonienne sur les produits à risque. Ce faisant, il profère une contre-vérité scientifique. Mais cette « erreur » l’arrange bien puisqu’elle lui permet de fermer le ban…
Il surfe donc « utilement » sur la confusion entre les plans scientifique et réglementaire (****).
Un OGM obtenu par mutagenèse aléatoire est sélectionné s’il présente un caractère « utile », ce caractère étant en lien avec une mutation provoquée artificiellement dans son patrimoine génétique. Pour les VTH, le caractère « utile » est la résistance à un herbicide.
Mais cette mutation n’est pas unique, de nombreuses mutations apparaissent suite au « traitement » et parmi elles, de possibles mutations délétères pour l’environnement (1) ou pour la santé humaine et animale (2).
(1) Rappelons que le caractère peut comme pour tout OGM, être transmis à des cultures non OGM ou à des espèces sauvages apparentées via la dispersion du pollen des individus OGM.
Nous relevons avec beaucoup d’aigreur que M. Mademba-Sy, fier de sa qualité d’agronome, dit n’importe quoi lorsqu’il affirme péremptoirement du haut de sa science (à réviser !) que « En tant qu’agronome, ce n’est pas l’OGM en soi qui est dangereux… ».
A noter avec ce Monsieur que les OGM sont vendus avec l’herbicide adapté à leur résistance, souvent une molécule très toxique et très écotoxique.
Le CNRS reconnaît des résistances aux herbicides chez les adventices (mauvaises herbes) aux USA.
(2) Le mode d’action de ces mutations indésirables passe par les microARN produits lors de la digestion. Les microARN passent dans le sang et, dans les cellules, agissent sur l’expression de nos gènes ou sur celle des gènes des animaux nourris avec des OGM. Les conséquences de l’action de ces micro ARN peuvent être désastreuses (ex. déclenchement d’allergies, de cancers…).
Quelle est la situation calédonienne à ce jour ?
Au moins 7 importateurs différents ont importé des variétés de maïs VTH, dont TROIS PUBLICS !
Une mention spéciale pour la recherche agronomique locale ayant voulu tester l’une de ces variétés VTH : bravo !!!! Quelle irresponsabilité ! Nos chercheurs confondent manifestement « innovation » et « progrès ».
En août 2016, sur les 865 ha de maïs semés en NC, 784 ha le sont en maïs 606 IT (pour tolérant à l’imidazolinone).
On pense qu’au moins 7.5 ha supplémentaires sont en VTH (voire 55.5 ha).
Ce sont donc au bas mot 90. 63 % des maïs calédoniens « campagne 2016 » qui sont des OGM !!!!
Ils sont à Boulouparis, Bourail, Pouembout…
La situation est donc très sérieuse !
Et on est loin des 300 ha avoués par la province sud…
On observe que malgré l’alerte lancée par M. F. Gimat, agent SIVAP-DAVAR, fin 2014 et renouvelée en 2015 sur le manque de traçabilité des semences à l’entrée en NC, on est passé de 13 % de maïs CryptOGM en 2015 à 90 % en 2016…
Cela est dû à l’amateurisme des responsables élus, à la négligence des services ainsi qu’à la faiblesse de notre réglementation.
Afin de prévenir des désordres environnementaux, nous exhortons les pouvoirs publics à faire procéder à l’arrachage IMMEDIAT de toutes les parcelles plantées avec ces VTH (cela coûtera une indemnisation de plus…).
La province sud qui se veut rassurante, indique que ces maïs seront réservés à l’alimentation animale. Apparemment elle ignore que les animaux en question sont élevés pour nourrir les HOMMES ! Hallucinant que de prétendre parler de ce que l’on ne maîtrise pas…
Afin d’appliquer le principe de précaution, nous exhortons les provendiers MSV et SICA (nous les contacterons) à refuser de commercialiser les grains issus de ces cultures qui ne doivent pas contaminer la chaîne alimentaire humaine, et les éleveurs à exiger une traçabilité de leurs achats.
Afin d’exercer une salutaire vigilance, nous exhortons les pouvoirs publics à se préoccuper de savoir ce qu’il en est pour le blé, le riz et le maïs d’importation et à doter la Nouvelle-Calédonie d’une réglementation protectrice de son environnement exceptionnel et de la santé des consommateurs.
NB : on rappelle qu’EPLP ne peut malheureusement pas faire procéder à des tests car les variétés obtenues par mutagenèse ne sont pas repérables à l’analyse. Seul le fournisseur peut indiquer ce caractère. Il faut l’exiger.
Est-il besoin de préciser que nous avons obtenu copie des données chiffrées et des commentaires par nos propres moyens. Les institutions de la Nouvelle-Calédonie ne brillent pas par leur transparence. C’était connu, voilà une nouvelle confirmation.
Nous avons demandé de façon répétée à ce que la société civile et notamment EPLP, soient représentés dans les instances de recherche et celles à vocation économique.
Nous attendons encore le bon vouloir de ces messieurs-dames, pas pressés de partager l’information et la décision…
Pour EPLP, la présidente,
Martine Cornaille
NB : lors des Assises du développement rural tenues à Bourail, EPLP par ailleurs « inventeur » voici près de 10 ans de la nécessité d’améliorer le taux de couverture alimentaire de la NC, a été le seul intervenant à s’inquiéter des aspects qualitatifs des productions agricoles calédoniennes à venir. Prémonition ? Non, inquiétude liée aux fâcheuses expériences…
Et avec ces VTH, nous constatons qu’EPLP est encore à ce jour très isolée en la matière. Malheureusement…
Nous donnons à réfléchir avec l’exemple du Danemark qui affiche l’ambition de 100% de productions agricoles BIOLOGIQUES !
Il produit annuellement 10 MT de végétaux dont 5 MT de blé et 3,5 MT d’orge, 5 MT de lait, 2MT de viande de porc, 220 000 T de viande de volaille et 150 000 T de viande bovine.
Ce pays exportateur net de denrées alimentaires compte 5 M d’habitants et produit de quoi nourrir 20 M de personnes…
Il y a 180 000 emplois dans le secteur agricole au Danemark. Rapportés à la population calédonienne, cela représente près de 10 000 postes. Qu’attendons-nous ?
(*) Extraits du rapport du Sénat 12 mai 2016 :
« M. Frédéric Gimat. S’agissant des OGM, la réflexion porte actuellement sur une interdiction au sens large du terme. L’importation d’OGM en Nouvelle-Calédonie est réglementée : les OGM issus de transgénèse sont interdits et se pose désormais la problématique de la mutagénèse en matière d’approvisionnement en semences et provende et de contaminations potentielles dans les silos, ces semences étant relativement répandues dans l’environnement régional, notamment en Australie et en Nouvelle-Zélande.
- Clément Gandet. – Contrairement à la métropole, la quasi-totalité des organisations professionnelles représentatives se sont positionnées contre l’utilisation d’OGM en Nouvelle-Calédonie. Le consensus est large mais certains demeurent inquiets quant à l’étendue de l’offre de semences.
- François Mademba-Sy. – Ce n’est pas tant la question de l’OGM qui nous préoccupe, que l’association entre OGM/plants OGM et produits phytosanitaires à usage agricole (PPUA) spécifiques appliqués à grande échelle. Nous avons assisté récemment à l’introduction de maïs issu de mutagénèse vendu par un fournisseur avec un herbicide interdisant toute utilisation d’autres plantes que celles de ce fournisseur.
En tant qu’agronome, ce n’est pas l’OGM en soi qui est dangereux, mais les produits chimiques associés imposés par les fournisseurs. »
(**) Extrait d’une question posée à l’Assemblée nationale à Madame la ministre de l’environnement.
(***) A l’attention de M. Galliot : merci de prendre bonne note que les VTH sont bel et bien des OGM.
A l’attention de M. Gimat : non Monsieur, l’hybridation n’est pas « une technique de manipulation génétique ». C’est un phénomène NATUREL dont l’homme s’est emparé.
(****) A l’attention de Mme Ayrault : non Madame, les associations ne « jouent » pas sur cette ambiguité, elles ne jouent sur rien d’ailleurs car elles ont mieux à faire, contrairement à d’autres… Cf ce qui précède.
[COMMUNIQUE DE PRESSE DU 18 SEPTEMBRE 2016]
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